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    « Aristocrates, fanatiques, serpens des cours , bourreaux qui
l'avez accusé, condamné, massacré, que lui reprochez-vous ?
   « De l'exaspération, un patriotisme outré, une popularité dan-
gereuse.
   « Misérables! ainsi vous vous arrogez impudemment la préro-
gative de poser la borne où doivent s'arrêter l'amour de la pa-
trie et la reconnaissance du peuple ! Ainsi vous annoncez que
c'est entre vos mains que l'Eternel a déposé l'équerre et le com-
pas des vertus humaines.
   « Négocians avides et corrompus, femmes gangrenées de dé-
bauches , d'adultères et de prostitutions; tyrans du peuple, il
vous sied bien de juger l'ami du peuple! Est-ce à Messaline à
prononcer sur Brutus ! Est-ce à Sardanapale à condamner So-
crate!
   Scélérats ! nous vous pardonnerions peut-être de détourner
les yeux au nom de la liberté ; la liberté veut des grands cœurs,
des cœurs purs; elle n'est pas faite pour vous. Nous vous per-
mettrons peut-être de méconnaître les vertus, elles vous sont
étrangères , mais si vous ne pouvez les comprendre, au moins
ne les assassinez pas. Ou si la fièvre du crime vous brûle encore,
si vous avez l'audace d'assayer par des forfaits nouveaux à légi-
timer vos forfaits passés; si vous prétendez enfin justifier l'écha-
faud où monta notre ami ; dites, dites avec le courage des scé-
lérats : Nous avons tué Chalier, nous le tuerions encore. Nous
 n'avons pas assez de vertu pour une république ; il nous faut à
 nous un code particulier, où les deux premiers articles soient :
 la proscription du peuple et la guerre à l'Eternel.
    « Brigands! à ces traits nous vous reconnaîtrons, et nous ne
 vous craindrons pas.
    « Et toi, peuple toujours bon, toujours sensible quand tu n'es
 pas trompé, appprends donc à distinguer tes amis d'avec tes
 assassins, Chalier d'avec ses bourreaux. Les monstres! ils chan-
 tèrent à son supplice. Peuple désabusé, pleure aujourd'hui,
 pleure à son triomphe, les larmes du pauvre sont l'apothéose
  de l'homme juste.
    Enfans de la liberté, c'est dans celte même place que Chalier
  quitta la vie ; c'est ici que mourut de la mort des criminels, le