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 niissible ni héréditaire; il est le fruit glorieux de leur réputation
 et de leurs travaux. Une vénalité avare et funeste n'a pas osé en
 altérer l'honneur ; et l'on ne peut dire à l'enfant faible et dégé-
néré d'un homme utile : « Tu viens de naître pour en être revêtu,
 et devenir notre magistrat. »
    Ici le bourgeois , tour-à-lour défenseur de son ami, et défendu
par lui, contracte cet esprit de patriotisme et de dévouement qui
peut s'affaiblir dans des circonstances , mais qui renaît dans d'au-
tres, et qui, créé par le régime même de l'établissement, ne
peut jamais entièrement disparaître. Heureuse ville , où le génie
militaire s'unit à celui des arts , et lui communique son énergie ;
où les arts , à leur tour , tempèrent par la douceur ce que peut
avoir de trop rude une soldatesque toujours un peu farouche , et
propre à effrayer même ceux qu'elle accourt défendre et venger !
   L'origine de cette ligue citoyenne, de cette confédération gé-
néreuse et utile , remonte au delà du treizième siècle.
   Lyon gémissait sous une puissance tyrannique. Ses archevê-
ques n'étaient pas encore assez éclairés pour être justes. Ils
avaient étendu les chaînes de l'oppression sur leurs vassaux. Du
haut de Pierre-Scise, où ils avaient établi leur séjour, ils dic-
taient impérieusement leurs volontés ; et leurs serfs tremblans
venaient au pied du roc menaçant écouter leurs maîtres et obéir.
Alors , la féodalité régnait dans toute sa fureur ; alors , toutes les
vertus résidaient dans le glaive , et le fer décidait de tout. Dans
les jugemens publics et au milieu des camps , il faisait les inno-
cens et les coupables, les tyrans et les esclaves. O temps af-
freux ! où nos rois chancelans sur leur trône, ne voyaient autour
d'eux que de petits souverains perfides et altiers, et des scènes de
violence et de carnage ; où la superstition ignorante et barbare
élevait des bûchers ; où la guerre, presque toujours injuste, clas-
sait les hommes comme de vils animaux, et les forçait à descen-
dre sur l'arène pour y combattre et y périr ; où quelques-uns
même ne pouvaient porter le bouclier pour se couvrir, et n'a-
vaient que le bâton pour se défendre (1) ; où les arts étaient en-

   (1) lorsqu'on permettait le duel entre les roturiers ou vilains, on ne leur don-
nait qu'un bâton., et ils ne pouvaient combattre qu'à visage découvert. C'est