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                                       '482
  Constantine. Ben-Zecry, fidèle allié de la France, nous fit un ac-
 cueil très-gracieux et on ne peut plus amical.
    Le hasard nous ménageait une bonne fortune : c'était un jour
 de fête pour le pays -, des Caïds, des Chëks , ainsi que le secré-
 taire de l'Aga, s'élaient réunis à cette occasion. Nous fûmes
 introduits dans le lieu de leur assemblée, salle vaste, peu éclai-
 rée et dépourvue d'ornements. Dans les deux tiers environ de
 l'étendue de cette salle , une estrade couverte de tapis s'élevait à
 deux ou trois pieds au-dessus du sol. Les Arabes de distinction,
 assis à la musulmane sur cette espèce de théâtre et le dos tourné
 contre la muraille > formaient un assez grand cercle ; la plupart
 étaient couverts de simples et grossiers burnous, et quelques
autres portaient de riches costumes; des Arabes, d'un ordre in-
férieur sans-doute , étaient assis à terre et plus rapprochés de la
porte; nous prîmes place près du commandant.
    Deux juifs et une courtisanne fumant le narguillet et richement
vêtue étaient là pour compléter la fête, les deux premiers par la
musique, la troisième par une danse particulière à ces fem-
mes (1). L'un des juifs touchait d'un petit piano placé sur ses
genoux, l'autre jouait de la mandoline et tous deux s'accompa-
gnaient de la voix. Cette musique monotone était peu propre à
réveiller l'impassible physionomie des Arabes : la poésie en était
toute pastorale ; ce concert était interrompu de temps en temps
par quelques verres de rhum que prenaient les convives.
Un repas avait eu lieu avant notre arrivée. On rapporta quelques
plats de douceurs que nous trouvâmes délicieux, après quoi Ben-
Zecry nous fit passer sa pipe en signe d'amitié et nous invita à
fumer.
    Nous avions rencontré au Fort de l'eau la plupart des Arabes
que nous comptions visiter sous leurs tentes; cette circonstance
nous détermina à donner une autre direction à notre course. Nous
cheminâmes donc du côté des montagnes, en nous éloignant de
la mer ; les nouvelles terres sur lesquelles nous marchions alors

  (1) Il est rare qu'une fête ait lieu parmi les Arabes, même une tête de fa-
mille, sans l'assistance d'une courtisanne qui y est appelée pour exécuter la danse
des p . . . , après quoi ordinairement elle se retire.