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   Un livre de recherches est plus curieux qu'utile. A peine le
plus souvent ces nombreuses et longues pages fournissent-elles
quelques lignes à l'historien, qui ne cherche à consigner que
dès faitsj, leur enchaînement et leur conséquence.
   Comment intéresser à l'histoire d'une province dont l'exis-
tence enchaînée à la destinée d'une nation, au sein de laquelle
son individualité s'est trouvée absorbée par les provinces plus
puissantes dont elle n'a été que la vassale?
   M. Auguste Bernard a échoué et devait échouer devant cette
difficulté, je dirai mieux cette impossibilité. Son livre est une
chronique savante, pleine de réflexions judicieuses, dignes d'un
écrivain avancé ; mais ce n'est pas une histoire. Le Forez n'offre
rien ou presque rien de spécial ; son histoire se trouve confon-
due tour à tour avec celle de la Ségusie, des comtes du Lyon-
nais , des ducs de Bourbon et des rois de France, sous la do-,
mination desquels il a presque constamment été excepté pen-
dant le peu de temps où il a été gouverné par ses comtes, qui
la plupart n'ont laissé que des noms inconnus à la postérité ou-
blieuse ; aussi M. Bernard a été forcé de se contenter d'enre-
gistrer des chartes attestant la fondation de quelques abbayes ou
quelques traités entre des seigneurs. Hors de là , au milieu de
ses excursions forcées dans l'histoire du Lyonnais, du Bour-
bonnais et des rois de France, il trouve à peine, de temps à
 autre, l'occasion de revenir à son sujet. A qui la faute? A l'au»
leur, dont le travail est certainement aussi complet qu'il pouvait
l'être, ou au sujet incapable d'un plus grand intérêt et d'un plus
large développement?
    Il faut que M. Bernard soit travaillé d'un violent amour pour
 sa province, comme il nous ledit lui-même, pour n'avoir pas
 reculé devant le découragement d'un semblable travail. C'est un
 sacrifice à la gloire du Forez, dont ses compatriotes doivent lui
 savoir gré, mais dont nous aurons le droit de lui faire quelques
 reproches, nous que l'antique origine de quelques masures tou-
 che moins que le désir sincère de voir employer l'activité d'une
 jeune et fraîche intelligence à des travaux plus capables de l'ins-
 pirer que la traduction du laiin barbare des moines du moyen-
  âge. 11 y a pourtant dans ces deux volumes un grand nombre de
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