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401 Un livre de recherches est plus curieux qu'utile. A peine le plus souvent ces nombreuses et longues pages fournissent-elles quelques lignes à l'historien, qui ne cherche à consigner que dès faitsj, leur enchaînement et leur conséquence. Comment intéresser à l'histoire d'une province dont l'exis- tence enchaînée à la destinée d'une nation, au sein de laquelle son individualité s'est trouvée absorbée par les provinces plus puissantes dont elle n'a été que la vassale? M. Auguste Bernard a échoué et devait échouer devant cette difficulté, je dirai mieux cette impossibilité. Son livre est une chronique savante, pleine de réflexions judicieuses, dignes d'un écrivain avancé ; mais ce n'est pas une histoire. Le Forez n'offre rien ou presque rien de spécial ; son histoire se trouve confon- due tour à tour avec celle de la Ségusie, des comtes du Lyon- nais , des ducs de Bourbon et des rois de France, sous la do-, mination desquels il a presque constamment été excepté pen- dant le peu de temps où il a été gouverné par ses comtes, qui la plupart n'ont laissé que des noms inconnus à la postérité ou- blieuse ; aussi M. Bernard a été forcé de se contenter d'enre- gistrer des chartes attestant la fondation de quelques abbayes ou quelques traités entre des seigneurs. Hors de là , au milieu de ses excursions forcées dans l'histoire du Lyonnais, du Bour- bonnais et des rois de France, il trouve à peine, de temps à autre, l'occasion de revenir à son sujet. A qui la faute? A l'au» leur, dont le travail est certainement aussi complet qu'il pouvait l'être, ou au sujet incapable d'un plus grand intérêt et d'un plus large développement? Il faut que M. Bernard soit travaillé d'un violent amour pour sa province, comme il nous ledit lui-même, pour n'avoir pas reculé devant le découragement d'un semblable travail. C'est un sacrifice à la gloire du Forez, dont ses compatriotes doivent lui savoir gré, mais dont nous aurons le droit de lui faire quelques reproches, nous que l'antique origine de quelques masures tou- che moins que le désir sincère de voir employer l'activité d'une jeune et fraîche intelligence à des travaux plus capables de l'ins- pirer que la traduction du laiin barbare des moines du moyen- âge. 11 y a pourtant dans ces deux volumes un grand nombre de 26