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Mandelot avait eu la précautioû d'envoyer dès la veille un conseiller du présidiat
pour le prier de vouloir se rendre de grand matin chez lui, où il voulait lui
communiquer quelques dépêches qu'il avait reçues de la cour; le gouverneur
s'étant assuré de sa personne, monta à cheval et se rendit dans la citadelle pour
empêcher qu'il n'y survint aucun désordre ; dans le moment, et par son ordre ,
tous les habitans se mirent sous les armes, attendant quelle en serait l'issue ;
mais n'y ayant eu aucune résistance de la part des soldats qui étaient en garnison,
lesquels ayant passé la nuit à veiller s'étaient allés coucher, la bourgeoisie se
relira.
   La femme du commandaut, qui y était, demanda à être conduite avec son train
et ses bardes au monastère de l'abbaye royale de St-Pierre, ce qui lui fut accordé.
La garnison, renvoyée avec ses armes et bagages, se retira où bon lui sembla,
et le commandant retourna en Dauphiné.
   Le gouverneur et les éclievins, après cette paisible exécution, informèrent le
roi du succès de celte affaire : il en fut fort offensé. Le duc d'Epernou, qui vit
par là toutes ses espérances évanouies, exagéra l'énormité de l'attentat, et l'ai-
grit le plus qu'il put contre Mandelot et les échevius. Par un cas heureux, An-
toine Grollier, sieur de Servières, pour lors premier éclievin, se trouva à la cour
pour d'autres affaires : on lui envoya toutes les instructions nécessaires pour négo-
cier un accommodement. Les raisons apparentes qui furent exposées pour autoriser
cette action étaient : qu'outre que la citadelle causait une grande dépense, elle
interrompait la liberté du commerce, ce qui était assez visible, puisque, depuis
sa construction, les foires de Lyon avaient sensiblement diminué, et par consé-
quent les douanes avaient souffert de grandes pertes, que ce qu'il en coulait
au roi pour la solde et entretien de la garnison entrerait dans ses coffres, et que
 d'ailleurs cette ville n'avait plus rien à craindre de pareil à ce qui était arrivé,
la cause pour laquelle elle avait été construite étant cessée. Toutes ces raisons ,
 exposées avec une espèce de vraisemblance, auraient eu peu de force pour per-
suader, si elles n'avaient été soutenues par une promesse que fit le sieur de
Servières au nom des éclievins, de payer au roi une somme de quarante mille
écus, au moyen de laquelle il obtint des lettres datées de Paris, le 30 mai, en
forme de déclaration, qui approuvèrent la prise de la citadelle comme faite poul-
ie bien de son service et en ordonnèrent la démolition, dont il fut en même temps
expédié commission expresse à Mandelot; les éclievins se chargèrent des trois
mille livres de rente annuelle que le roi payait aux propriétaires des places
occupées pour la construction de la citadelle. Cette négociation pleinement con-
sommée, le sieur de Servières revint dans cette ville avec tous les pouvoirs
expédiés en la meilleure forme, ce qui remit le calme dans les esprits. Le gou-
 verneur ne perdit point de temps pour travailler à la démolition de la citadelle,
il y employa d'abord les trente-six Pennons qui furent commandés chacun à sou
lour ; mais l'ouvrage n'avançant pas à son gré, il ordonna aux paysans du plat