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    L'an 1626, le cardinal François Barberin-, neveu du pape Urbain VIII, fit sort
entrée solennelle dans Lyon, en qualité de légat apostolique. Il y fut reçu avec
ie cérémonial qu'on a accoutumé d'observer en pareilles occasions (1).
    L'année 1628 fut extrêmement funeste à la ville de Lyon par les ravages pro-
digieux que la peste y causa pendant les cinq derniers mois. Un soldai atteint de
ce funeste mal mourut dans le village de Vaux dans le Dauphiné, à une petite
lieue de Lyon. La contagion ayant premièrement infecté ce village, se communi-
qua bientôt au faubourg de la Guiliotiére d'où e!(e se répandit sur la ville de
Lyon, et commença auprès de Saint-JSizier par quelques hardes infectées qui
furent vendues à un fripier. Malgré les précautions que l'on prit pour en empêcher
la communication, le mal s'enflamma si fort, qu'en moins de quinze jours il se
répandit dans les nies les plus éloignées, et dès le commencement de septembre,
il avait gagné tous les quartiers et frappé indifféremment tous les habitants. Le
fort de la maladie fut dans les mois de septembre, d'octobre et de novembre ,
pendant lesquels les rues furent entièrement désertes, et plusieurs maisons dé-
peuplées. On a porté le nombre des personnes qui en moururent au-delà de
quarante mille. Ou observa que cette maladie s'attacha particulièrement au peu-
ple , et que, dans un si grand nombre, il ne mourut que sept ou huit personnes
d'une qualité distinguée , et cinq ou six cents de condition médiocre. Mais ou
remarqua surtout, comme un effet singulier de la protection divine, que de
douze cents pauvres qui étaient enfermés dans l'hôpital de l'Aumône-Générale ,
aucun ne fut frappé de la contagion (2).
   Le 10 juillet 1629, messire Alphonse-Louis Duplessis de Richelieu fit son en-
trée à Lyon en qualité d'archevêque ; il succéda à messire Charles de Miron, le
plus ancien prélat du royaume, qui avait été long-temps évêque d'Angers, et
environ un an archevêque de Lyon, étant mort le 6 août 1628. Ce nouveau pré-
lat avait été nommé par Henri IV, en 1605, à l'évêché de Luçon : mais avant que
d'être sacré, il se démit en faveur de son frère cadet, Jean Armand, et entra
chez les Chartreux où il resta 21 ans. Le roi le nomma à l'archevêché d'Aix en
4628 , et ensuite à celui de Lyon. Le 19 novembre 1629 il fut créé cardinal par
ie pape Urbain Vïïl, qui le dispensa du décret qui défend de recevoir deux frères
dans le sacré collège , sou cadet y étant déjà admis. Le roi le nomma, en 1652,
grand-aumônier de France , et le fit commandeur de l'ordre du Saint-Esprit l'an-
née suivante. Ce prélat, nourri dans la retraite, n'alla pas au-devant de tous ces
honneurs, et il les dut moins aux démarches d'une ambition inquiète qu'au pouvoir

   ( 0 L'année suivante , il y eut une grande mascarade dans laquelle le peuple voulut faire proba-
blement une parodie des, entrées solennelles dont nos échevins étaient alors si prodigues. Il ne nous
reste d'autre document de cette saturnale qu'une pièce en vers fort curieuse, publiée sous ce titre :
ENTRÉE MÂIÃAÃFIQUE DE BACCHTJS AVEC MADAME DIMANCHE GR&SSE , SA FEMME , faietc en la ville de
Lyon le !\ fcbvrïer 1627 ; in~4" de 3i pages , sans nom d'auteur ni d'imprimeur.
   (-) Voyez tes ARCHIVES DU RH<3M::, fom, S. p;*g, Ã6?> et swv.