Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
66                           LA REVUE LYONNAISE

Cladel ; Catulle Mendès et René Maizeroy, qui peignent avec une délicatesse infi-
nie, mais parfois avec trop de complaisants détails, les mille aberrations de la
névrose amoureuse et les étrangetés des mondaines détraquées ; Alphonse Daudet;
Ernest d'Hervilly; Paul Arène; et Silvestre qui, narguant les imbéciles et les
tartuffes, continue parmi nous la grande et joyeuse tradition rabelaisienne.
   La variété de styles, de concepts, est un des attraits de ce livre. On y trouve
tous les tons ; l'on y rit, et si l'on a le goût des larmes, on peut y pleurer tout à
l'aise. Parfois la sage et prudente marquise envoie la toute mignonne mademoi-
selle Suzanne d'Elys cueillir quelques fleurs sur la terrasse : mais les contes sont
tellement courts que la rieuse jeune fille n'a jamais le temps d'aller bien loin et
qu'elle revient toujours assez tôt pour entendre les dernières paroles du narrateur.
  Que le ciel ne ferme pas ses cataractes, et nous aurons bientôt, je l'espère, la
deuxième journée.
                                                               Ch.   LAVENIR.




LA LÉGENDE DU PARNASSE CONTEMPORAIN par CATULLE MENDÈS. —
  Bruxelles. Auguste Brancart, éditeur, 1884. — Un vol. Prix : 3 fr. 50.


   Sous ce titre, l'auteur du Roi Vierge a réuni en un volume quatre conférences
qu'il avait faites sur les origines du Parnasse et sur les principaux poètes de ce
groupe. Ce livre fournira aux historiens de la littérature française sous le second
Empire d'utiles renseignements.
   Le nom de Parnassiens fut donné ironiquement par quelques-uns à ces jeunes
gens qui avaient la prétention très justifiable de vouloir faire des versécrits en
bon français et bien rimes. « Voulant, dit M. Mendès, publier un recueil collectif
de vers nouveaux, les jeunes poètes d'alors avaient cherché un titre général qui
n'impliquât aucun parti pris, ne pût être revendiqué par aucune école, ne gênât
en rien l'originalité des inspirations diverses. Il voulaient que leur livre commun
fût à la poésie ce que le salon annuel est à la peinture. Ils songèrent naturellement
aux publications analogues des poètes leurs ancêtres, et ils publièrent le Parnasse
contemporain, comme Théophile de Viau avait publié le Parnasse satyrique, comme
d'autres lyriques avaient publié d'autres Pâmasses. Où était le mal, où était le
ridicule?
   Ces audacieux formèrent un groupe, non une école : il n'y eut pas chez eux
d'exclusivisme. Leurs rangs s'ouvrirent à tous ceux qui avaient le culte des beaux
vers.
   Ils eurent à soutenir au début une lutte fort rude. Les grands jours de 1830
étaient loin : les allures un peu trop capitanes des jeunes poètes éloignèrent d'eux
bien des sympathies. D'autre part la presse se montrait hostile, railleuse. Le succès
finit pourtant par couronner leur persévérance. Aujourd'hui, ils moissonnent les