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406                  LE COMTE D'AVAUX

jeune, M. d'Irval, par ses soins respectueux et dévoués,
pouvait plaire au cœur du vieillard (44); mais il n'avait
pas l'intelligence assez élevée pour converser à son gré des
choses de l'esprit. Quant à son fils aîné, Henri de Mesmes,
bien qu'il fût doué des plus grandes qualités, son caractère
froid et hautain rendait difficiles les relations avec lui.
M. de Roissy dit de sa belle-fille, Mme de Mesmes : « Elle
ne m'approche jamais que les bras ouverts pour m'embras-
ser. » Mais il ajoute, en parlant de son fils : « Je n'en dis
pas autant de son mary envers moy ni envers vous, car j'y
vois tant de réserves, que je dissimule par chanté et mes-
nagement, ut nutantem retineam in fide, que si je n'estois
père, je m'en lasserois (45). »

   Le comte d'Avaux était assurément, de ses trois fils,
celui qu'il préférait, et sa plus grande consolation était de
correspondre avec lui ; il vivait dans l'espérance de le
revoir. Les lettres qu'il lui adressait ne sont pas sans une
certaine préciosité, qui venait autant de l'époque où il
vivait que de la tournure de son esprit. Il les terminait
volontiers par ces mots : « Vostre bon père et amy sans
pair (46); » ou encore : « Je n'ay peu... perdre ceste occa-
sion seure... pour vous dire ma vieille chanson que je suis
jusques au bout vostre bon père et meilleur amy (47). »
Mais il est facile de reconnaître que le cœur y parle encore
plus que l'esprit : « Certes, je vous plains d'avoir affaire à
un vieillard qui senis et ideo garrulitale laborat; quand mes


 (44)   P.   xni.
 (45)   P.   215.
 (46)   P.   254.
 (47)   P.   16.