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84 L'AMPHITHÉÂTRE DE LUGDUNUM vieux actes, et nièrent leur foi, mais pour se relever plus vaillants et plus forts. Bientôt après, découvert dans sa retraite, le vénérable évêque saint Pothin, vieillard de 90 ans, est conduit à son tour au Forum, devant le Gou- verneur. Mais si son attitude noble et assurée en impose au lieutenant de César, elle ne peut le soustraire aux outrages de la foule furieuse, qui l'accable de mauvais traitements quand on le ramène dans sa prison, où deux jours après, il mourait (29). Telles furent les premières scènes de la persécution de l'an 177, et nous pouvons aujourd'hui les rétablir, en quelque sorte sur les lieux mêmes. Au Forum étaient réunis : la curie, siège du Sénat municipal, le trésor public (œrarium), les prisons et la basilique où se rendait la jus- tice (30). C'est donc à Fourvière, qui en a gardé le nom, qu'eut lieu l'interrogatoire des chrétiens, et qu'ils furent mis à la torture. Là aussi furent torturés leurs esclaves, pour leur arracher de terribles accusations contre leurs maîtres. C'est là enfin que Vettius Epagathus, l'un des premiers citoyens de Lugdunum, indigné des accusations portées contre les chrétiens, voulut prendre leur défense et mérita la couronne du martyre, avec le titre glorieux à 'Avocat des chrétiens. Quant à la prison où mourut saint Pothin, une pieuse tradition nous la montre encore au-dessous des bâtiments actuels de l'hospice de l'Antiquaille. Cette tradition, res- pectons-la, tout en observant que ce cachot n'a pu, à (29) Eusèbe. Hist. eccks. V. 1. (30) Vitruve. L. I. Ch. 1 et 2.