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I$0 LES SALONS D'AUTKEI-'OIS donne bien peu l'occasion de faire des remarques sur son esprit et son amabilité. On en est réduit à des banalités qui se croisent, et que l'on s'empresse de rompre, par une retraite précipitée. Enfin, dans le temps dont je parle, les jeunes filles de dix-huit ans ne préparaient pas leurs brevets ; on les trou- vait toujours au salon, dont elles augmentaient le charme, en l'illuminant de leur jeunesse. Les jeunes gens bien élevés, éloignés de leurs familles pour leurs études ou les débuts de leur carrière, n'étaient jamais embarrassés pour passer leurs soirées, car ils trou- vaient partout un accueil sympathique, qui les maintenait dans la bonne voie. Aujourd'hui, la saison d'été suspend presque toutes les relations pendant six ou huit mois. Les jours de réception, réduits à une douzaine par année, donnent à peine le temps de se reconnaître et d'échan- ger quelques paroles ; exactement comme lorsqu'on se rencontre dans l'intérieur d'un tramway un jour de pluie. On se demande comment, dans ces conditions, pour- raient s'établir les bonnes et cordiales relations d'autrefois. Comme l'abus des journaux et des cercles, les jours de réception ont beaucoup contribué à la suppression des intimités de bonne compagnie. Chaque maîtresse de maison, et même celles qui aspi- raient à le devenir bientôt, avaient leur album. On ne pouvait pas les satisfaire aussi facilement qu'au-