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T70 LES SALONS D'AUTREFOIS C'était alors une femme d'expérience, car sa jeunesse datait de la restauration ou de la fin de l'empire, et nous étions en 1838. C'est là que de Morny, simple lieutenant de cavalerie, intime de la maison, faisait ses débuts dans la politique et les affaires. Par ses manières élégantes, distinguées et bienveillantes, il savait s'attirer toutes les sympathies; ce qui explique ses succès. Plus tard, quand il eut donné des preuves de l'énergie de son caractère, on a dit de lui : qu'il avait une main de fer ganfée de velours, et qu'il se dégantait rarement. Le mot n'est pas de moi, je m'empresse de le dire; je l'ai trouvé exact et joli; je le répète pour le vulgariser. Il est, je crois, d'Alphonse Daudet. Il y avait encore, à Paris, quelques salons célèbres, entre autres celui de YAbbaye-aux-Bois; mais, comme le brosseur du capitaine, je peux dire que je ne l'ai connu qu''approximativement par les récits enthousiasmés de mon ami, Frédéric Ozanam, et les confidences de Mme Ancelot, pas indulgente du tout pour la divinité à laquelle Chateau- briand s'était dévoué. Par jalousie de métier, elle reprochait à Mme Récamier de n'avoir pas d'esprit. J'aime mieux la réponse de Mme de Staël : Dans un grand dîner, un homme savant, mais maladroit, dont fort à propos j'ai oublié le nom, était placé entre Mme de Staël et Mme Récamier, Il ne trouva rien de plus aimable que de dire à ses voisines, tout son bonheur d'être placé entre l'esprit et la beauté.