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260               LE DERNIER DES VILLEROY

   Un jour, l'ambition de Villeroy fut comblée; on lui
annonça qu'il allait commander en chef. Luxembourg
mourut et le nouveau maréchal fut envoyé à l'armée de
Flandre pour le remplacer. A la tête d'une armée si long-
temps victorieuse à Fleurus, à Steinkerque, à Nerwinde ;
entouré d'officiers éprouvés, il montra une telle incapacité,
une si folle présomption, un tel orgueil qu'il fut bientôt
l'homme le plus chansonné et le plus raillé du royaume.
A la risée des soldats, le général ennemi, Vaudemont, digne
de lui tenir tête, parut disputer à Villeroy à qui accumule-
rait le plus de sottises et le plus de fautes. Villeroy, cepen-
dant, finit par l'emporter. Il brûla, sans rime ni raison,
et le plus inutilement du monde, quelques maisons de
Bruxelles; il laissa prendre Namur que Boufflers défendait
avec énergie et revint à Paris, couvert de mépris et criblé
de couplets sanglants.

  On connaît ce douloureux Pont-Neuf :
                  Villeroy ! Villeroy !
                  A fort bien servi le roi...
                  Guillaume! Guillaume...

  On peut y ajouter cette chanson :
              Que dit Louis, notre grand roi,
              Du maréchal de Villeroy?
              Oh ! reguingué ! Oh ! Ion lan la !
              Il dit que c'est un habile homme,
              S'il en est de Paris à Rome !

              Il joû savamment tous les jeux ;
              A tous les jeux il est heureux,
              Oh ! reguingué ! Oh ! Ion lan la !
              Hors celui qu'on nomme bataille;
              Il n'y fait jamais rien qui vaille.