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LA BOUCLE D'OR 375 plus là : la mère de Jean, au cimetière; le père, on ne sait où. Le soir même, Jean reprend la voiture qui fait, dans la nuit, le trajet de Lyon au Pont-de-Beauvoisin. « A bien- tôt! » dit-il, en franchissant le marchepied; car il est convenu qu'il reviendra pour la vogue de Saint-Denis, au commencement d'octobre. Mais on devait se revoir, avant que le mois fut même achevé, et c'est ici que le récit de mon compagnon de route passe de l'idylle au drame. * * # Un matin, M. Bonin, sans qu'aucune lettre l'ait an- noncé, arrive à la fabrique et entre dans le modeste bureau de Jean : « Montons à votre chambre, dit-il brève- ment. J'ai à vous parler. » Une fois enfermés : « Il se passe des choses extraordi- naires, poursuit-il... » Mais Jean, l'interrompant : « La mère de Garite s'est fait connaître et la réclame? — Si ce n'était que cela! répond M. Bonin, qu'un sanglot étrangle. Sachez donc que, si les dires de cette femme se confir- maient, la Garite... — et ici sa voix hésite — la Garite serait votre sœur ! » Ce mot tomba sur Jean « de même qu'un coup de caliche sur la tête d'un bœuf. » Étourdi d'abord et inca- pable de lier une idée et un mot ensemble : « Mais, com- ment cela? demande-t-il, au bout d'une minute. — La mère de Garite, murmure M. Bonin, s'appelle Olympe Fanta! » A ce nom que nul, jusqu'alors, n'avait prononcé devant lui, Jean comprend tout : l'âge de la jeune fille correspond