page suivante »
ET SA FAMILLE IO3
l'hôtel du Gouvernement, précédés du prévôt des mar-
chands, de toutes les autorités, des arquebusiers, des
archers, des enfants de la ville et suivis de deux ou trois
cents gentilshommes richement équipés qui avaient peine
à fendre les flots de la foule. Mais en vain auraient-ils
voulu se reposer et s'isoler ; ils furent assaillis de visites et
de harangues; on leur prodigua les spectacles, les compli-
ments et les vers, dans lesquels les plus modérés les com-
paraient aux déités de l'Olympe. Les Jésuites surtout se
surpassèrent. Le 28, au collège de la Trinité, les élèves
jouèrent une Pastorale allégorique sur le bonheur et prognos-
tiques du Gouvernement de Monseigneur d'Halincourt. Outre
la pièce en latin, on récita aux deux époux des strophes
telles que celles-ci :
« O Charles, qui portez des Charles immortels
(Du divin Charlemagne et des Charles Martels,
Nos princes et nos rois) en votre nom l'image !
De quels loz, de quels dons vous ferons-nous hommage ?
« O Rhône ! que n'as-tu de Neptune le cours
Pour avecque ta sœur, des seigneurs d'Halincourt
Les héroïques faits porter de ville en ville !
Du nord jusqu'au midi les trophez de Neufville !
Quel prince ! quel héros! quel roy ! quel empereur !
Donne plus beau sujet que notre gouverneur ?
C'est déjà beau, mais ce n'est pas tout.En voici d'autres:
Saintes filles Tritoniennes,
De lyre, de voix et de cœur,
Chantons des dieux l'ambassadeur
Près de ces gentilles garennes !
Garennes, pour rivages, ne vous semble-t-il pas un peu
risqué ?