page suivante »
34S f-E DERNIER DES VILLEROY « C'était une personne droite, naturelle, franche, sûre*, secrète, dit Saint-Simon, de la défunte (bel éloge sous sa plume), qui, sans esprit (l'oreille de l'écrivain apparaît, même quand il parle de ses amis), était parvenue à faire une figure à la Cour et à maîtriser mari et beau-père... (Beau-père !... le maréchal !) Elle avait de l'humeur ; son commerce était rude et dur... Elle était bonne, vive et sûre amie (répétition qui prouve la sincérité de l'éloge), et les glaces ne lui coûtaient rien à rompre. Elle devenait personnage et on commençait à compter avec elle... Per- sonne n'avait si grand air et ne parait tant les fêtes et les bals, où il n'était aucune beauté, et bien plus qu'elle, qu'elle n'effaçât. » Elle prit la petite vérole à Marly et mourut à Versailles. « L'abbé de Louvois et le duc de Villeroy s'enfermèrent avec elle. Le premier en fut inconsolable, l'autre ne le fut pas longtemps et bientôt jouit du plaisir de se croire hors de page. Il n'était pas né pour y être. Son père, trop tôt après, le remit sous son joug. » Terribles gens, terribles mœurs ! qu'il ne faut voir qu'à travers le prisme de l'histoire, les mirages de la poésie, les séductions de la peinture, l'éloquence des panégyristes ou des orateurs, et non avec le microscope décourageant des Mémoires secrets. De ce mariage, outre deux fils, il avait eu deux filles, mariées, l'une au duc d'Harcourt, l'autre au duc de BoufHers et, plus tard, en secondes noces, au maréchal de Luxem- bourg. Ces mariages de race et de convenances ne furent pas heureux. Élevées dans une Cour cyniquement corrom- pue et dans une famille profondément libertine, les deux jeunes femmes suivirent les exemples qu'elles avaient sous