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224 VIEILLES CHOSES ET VIEUX MOTS LYONNAIS En effet a(si)nina = anina très exactement en lyonnais. Je prie de remarquer que si le texte eût été provençal, on eût été averti de l'erreur par l'absence de s dans un mot dérivé de asinus, mais eir lyonnais, au xm e siècle, s était déjà tombé. Le Carcahe.au de Givors dit constamment anos, âne : « Item deit ung anos chargies de draps. » — De plus, à côté A'anines, on trouve mouionines, peaux de mouton. Une formation analogique sur agnel aurait dû donner agnellines. Enfin, agninus, d'où sort notre mot, ne donne pas anines, mais anhines, ou agnines, si l'on préfère la graphie française à la provençale. Anines, on voudra bien en con- venir, est donc dans tous ses torts. Raynouard, tome II, p. 133, a également traduit anina par peau d'âne préparée. Mais les textes suivants, que veut bien me communiquer un de nos premiers romanistes, M. Chabaneau, professeur à la Faculté des Lettres de Montpellier, ne laissent aucun doute sur le sens de peau d'agneau. LEUDE DE MONTPELLIER : Pelles de conils facte. — Duodena multoninis afaitadis. — Pelles varie et pellicie varie. — Pelles vulpinarum. — Pelles de catis. — Pellicie de conils et pellicie de lebres. — Lo cent de aninis. — Pelles et pellicie facte de aninis. — Trossellus de aninis. — Trossellus de conils. — Coblerius qui comparât conillos vel anninas.. — Duodena golarura de martinis et fainis. Dans tout cela, il n'est question que de fourrures et de pelleteries. Il s'agit de pelisses d'agneau; car on n'a jamais que je sache, fait des pelisses d'âne.