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SOUVENANCES DE 1828 A 1848 ]8l jourd'hui, en leur donnant sa photographie ou celles de ses proches. Pour être aimable ou du moins pour essayer de l'être, il ne suffisait pas d'une minute d'immobilité, et de laisser travailler le soleil. Il fallait opérer soi-même, et courageusement s'exécuter de la plume ou du crayon. Ce n'est jamais sans un certain embarras qu'en rentrant chez soi, on posait sur sa table un cahier d'une entière blancheur, quand il n'était pas chargé déjà , des oeuvres plus ou moins bien réussies, des malheureux qui vous avaient précédé au supplice. Ils n'était pas donné à tous, d'avoir l'esprit de J. Janin, adoptant sa formule devenue célèbre : Dominus vobiscum-, Le Diable avec l'album. En présentant au lecteur quelques-uns de ces souvenirs, retrouvés après bien des années, je viens le faire juge de la manière dont je me suis tiré quelquefois de ces guets- apens de bonne compagnie. Il me dira, ou bien il ne me dira pas, si ces fruits de jeunesse ont eu la chance des produits de la Gironde, qui dit-on se conservent indéfiniment, ou ce qui est plus probable, s'ils ont fait comme ceux des coteaux de la Saône, qui n'attendent pas cinquante ans, pour perdre leur cou- leur, leur goût et leur parfum.