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I42            DIVAGATIONS ET MliNUS PROPOS

rium de la beauté, si ces facultés artistiques ont été données
à l'homme pour s'adresser aux êtres inanimés qui l'entou-
rent au.lieu de puiser dans son propre cœur à des sources
nouvelles. Si cela est, Homère et le Dante, Raphaël et
Michel Ange, Mozart et Beethoven, se sont trompés. Les
poètes didactiques sont les grands poètes, l'école flamande
écrase celle d'Italie, bannissons les symphonies et les qua-
tuors qui n'imitent rien de ce qui est visible ou palpable,
les opéras même dans leurs parties les plus émouvantes,
et prenons garde de ne pas être les plus forts dans cette
lutte avec les éléments; l'orchestre de la nature est plus
puissant et plus varié que celui qui se renferme entre les
quatre murs d'une salle ; le tonnerre sera toujours plus im-
posant qu'un roulement de timbales, et le rossignol plus
agile que les gammes des joueurs de flûte. Je signale ici
une tendance fâcheuse, un envahissement de l'accessoire
sur le principal. La manie de l'imitation dans les arts appar-
tient aux époques de décadence ; si l'on peut en user par-
fois comme d'un élément de variété, comme d'une licence
passagère, il faut éviter d'en faire un but auquel l'inspiration
serait subordonnée. En vain chercherait-on à s'appuyer sur
l'exemple et sur la réussite de quelques ouvrages célèbres,
l'exception prouve la règle et n'est permise qu'au génie, il
fallait être Beethoven pour se permettre certains effets de la
symphonie pastorale et deux ou trois passages ne sauraient
dominer l'idée éminemment poétique de l'ensemble. Dans
l'andante, le chant du coucou et de la caille sont reproduits
fidèlement; le scherzo est un tableau très vrai d'une danse,
rustique, que l'on croirait échappé du pinceau d'Ostade ou
de Téniers. L'accompagnement lourd et monotone du
basson qui ne sait faire que deux notes pour suivre le chant
si frais et si original du hautbois, rend fort bien la musique