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 130           DIVAGATIONS ET ME.\US PROPOS

longs débats intérieurs, ouï les parties intéressées, je for-
mule le jugement dont suit la teneur :

     « Attendu que tous les hommes naissent égaux et pourvus
 de facultés égales sous le rapport musical aussi bien que
 dans tous les autres cas.
     « Attendu que s'il existe des exceptions, si l'on rencontre
 des hommes dénués de tout sens musical, incapables de se
 rendre compte d'une tonalité ou d'un rhytme,etne pouvant
 après deux ans de travaux, venir à bout de fredonner le
 Roi Dagobert, ces hommes sont des exceptions qui prouvent
 la règle, de même que les borgnes et les boiteux prouvent
 que dans son état normal l'espèce humaine doit jouir de
 ses deux yeux et de ses deux jambes.
    « Attendu que l'éducation musicale, indispensable au
compositeur, comme l'anatomie au chirurgien, ne peut être
 exigée des auditeurs, du moins dans le sens scholastique
qu'on lui attribue ordinairement.
    « Attendu que nous ne pourrons jamais nous résoudre
à classer Gluck, Mozart, Schubert, Beethoven, Mendelsohn, parmi
les crétins.
    « Déclarons que,
    « Si les personnes qui assistent à l'exécution de la mu-
sique de ces maîtres, la trouvent ennuyeuse, savante, sopori-
tive, perruque, et, si elles bâillent, dorment, pensent aux
chemins de fer ou au cours de la bourse, soupirent après
les fantaisies, les duos à l'unisson, les appogiatures et les
points d'orgues, les cotillons ou les mazurkas.
    « Cela vient de ce que ces personnes, au fond très capa-
bles'd'apprécier le beau, n'ont pas entendu, c'est que leurs
corps étant là, leur esprit était à cent lieues.
    « Toute personne qui veut écouter peut comprendre.