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SUR LA MUSIQUE 13 I
« Pour écouter il faut le vouloir pour de bon, ne pas
lorgner les toilettes de ses voisines, ne pas causer du bal
de la veille ou des courses du lendemain, ne pas battre la
mesure avec les pieds ou la tête; en un mot, il faut suivre
le fil du discours musical comme on suivait le fil d'une con-
férence du Père Lacordaire, sous peine d'être entraîné hors
des voies que Ton veut parcourir ; sous peine de battre en
étourneau tous les buissons de la grande route et de n'arriver
à la fin qu'après avoir perdu çà et là toute la cargaison de
ses idées.
« Très peu écoutent, très peu comprennent.
« Si tous écoutaient, tous comprendraient.
« Ainsi fait à Lyon, les an et jour que dessus.
« Mandons et ordonnons, etc. »
II
Les quatre parties d'une symphonie et d'un quatuor
forment un ensemble indivisible. Ce sont quatre faces
d'un même discours, l'exorde, les deux points, les ques-
tions incidentes et la péroraison. L'allégro exécuté seul a
moins de valeur qu'un prélude; deux autres fragments
extraits du tout sont comme un ver coupé se mouvant au
hasard pour rejoindre ses tronçons et mourant après d'inu-
tiles convulsions. On expose, il est vrai, et l'on admire des
statues incomplètes de l'antiquité ; c'est une dure nécessité
et on la subit. Mais quelles justes clameurs s'élèveraient si
Ton détachait un bras ou une jambe de la Vénus de Médi-
cis, sous prétexte de faire admirer le génie du sculpteur Ã
doses modérées !