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        BIOGRAPHIE DE VERGIER (JACQUES)

   Nous avons trouvé cette biographie inédite dans les papiers de notre
clier prédécesseur Léon Boitel. Nous nous empressons de l'insérer dans la
Revue à qui certainement elle était destinée. C'est une bonne fortune pour
notre publication d'avoir encore une fois de la copie de son fondateur.
                                                          A V.


    VEUGIER naquit à Lyon ca 1687 ; il entra d'abord dans la car-
rière ecclésiastique, niais il ne tarda pas à la trouver peu conforme
à ses goûts et à son inclination pour les plaisirs, et il la quitta
pour prendre l'épée. Venu fort jeune à Paris, il s'y fit rechercher
par l'agrément de son esprit et la politesse de ses manières.
    Le marquis de Scignelay (Colbert), secrétaire d'état de la ma-
rine, lui donna, en 1690, une place de commissaire-ordonnateur,
qu'il remplit pendant plusieurs années. Il devint ensuite prési-
 dent du Conseil de Commerce , à Dunkerque ; mais une volup-
 tueuse nonchalance l'empêcha d'arriver à de plus hauts emplois,
 îùniemi de toute occupation, il menait une vie inutile ef pleine
 de mollesse, lorsqu'il fut tué, à Paris, le 23 août 1720, d'un coup
 de pistolet, par un voleur, camarade de Cartouche, le chevalier
 Le Craqneur, dans la rue du Eoul-du- Monde, aujourd'hui rue du
 Cadran , sur le minuit, en revenant de souper chez un de ses
 amis. C'est donc sans fondement qu'on a attribué cette mort à
 un prince qui aurait voulu se venger d'une satire que le poète
 avait faite contre lui.
. On a de Vergier des contes dans le goût de ceux de La Fontaine,
 et l'un d'eux, le Rossignol, a même été imprimé dans une édition
 de La Fontaine. Amsterdam, 1709. Vergier, dit Voltaire, est, à
 l'égard de La Fontaine, ce que Campistron est à Racine, imitateur
 faible, mais naturel. 11 a fait des odes, des sonnets, des fables,
 des cpîtres, des parodies, des madrigaux et des épigrammes. Il
 a composé encore Zeila, ou VAfricaine, nouvelle en vers, et une
 historiette portugaise en prose et en vers, intitulée : Don Juan
 et Isabelle. La meilleure édition de ses œuvres est celle de 17h0,
 en deux volumes in-12. L'édition de Londres, de 1780 , est en
 trois volumes in 8°.                              Léon BOITEL.