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QUESTION AGRICOLE A P R O P O S DE L ' E X P O S I T I O N DE 1869 Mon Dieu, je suis un peu agriculteur, je l'avoue; et mon ami, le capitaine Mâchefer, un bon garçon du reste, n'a-t-il pas la prétention de se croire plus utile que moi à la société ? Pourtant, j'ai une spécialité agricole dont je puis, à bon droit, me montrer un peu fier : j'ai voué mon existence à la multipli- cation de la pomme de terre, ce précieux tubercule, comme nous disons nous autres agronomes. Le capitaine fait peu de cas de mes travaux, et quand il m'a appelé patalicole, patatoplante ou tuberculier, il croit m'avoir écrasé. Cela ne prouve pas, je l'espère, que je rende aj'humanitc moins de services que le capitaine, et je ne suis pas en peine d'établir, au besoin, ma supériorité sur ce point de nos discus- sions. Ma foi, je croyais bien l'avoir co^é l'autre jour, lorsque tout à coup il s'est écrié avec emportement : — Eh ! morbleu , tu fais vraiment trop d'embarras avec tes pommes de terre ; après tout, puisqu'il faut te le dire, j'ai fait plus que toi pour ce précieux tubercule, moi — Toi ? — Oui, moi : j'ai inventé un fusil qui tire trente coups à la minute — Es-tu fou !.... C'est la multiplication des balles, ça.... - Naïf agriculteur!... tu ne comprends donc pas que c'est la — méthode la plus simple, la plus-»ûre, la plus expéditive de mul- tiplier tes pommes de terre Va, tu n'obtiendras jamais par tes procédés d'aussi beaux résultats — Qu'est-ce que tu me chantes là ? — C'est assez clair, pourtant : tu ne connais que la voie posi- tive, la multiplication directe J'opère par la négative, moi. De quoi s'agit-il en effet ? de faire abonder la pomme de terre :