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342 CHRONIQUE LOCALE. leur banquet dans tous les journaux. Le danger qu'ils ont couru ne les a point intimidés et, deux jours après, ils ont,'dit-on, jeûné en se couvrant la tête de cendres. Seulement par modestie ils n'en ont rien dit. Nous ne pouvons qu'admirer une si rare conduite et l'offrir en exemple à la postérité. — Allan Kardec est mort. Cet illuminé tenait à notre ville par plus - d'un lien. Né à Montluel, issu d'une famille originaire de Bourg, il avait habité Lyon où il avait connu la gêne. Fixé à Paris, où grâces à ses livres, il avait acquis une jolie fortune, il n'avait point oublié les parents pauvres qu'il avait à Lyon et il leur faisait une petite rente qui probablement va s'éteindre avec lui. — La littérature a encore perdu un poète de mérite, Joseph-Henri Rossand, mort le 20 mars, à Bourg où il était né l'an 1795. Inconnu à Paris et parfaitement oublié par Vapereau, Rossand avait publié plu- sieurs ouvrages qui seront plus tard recherchés. Ses fables sont con- cises, serrées et souvent heureuses ; ses poésies légères sont fines et railleuses, ses épigrammes mordantes mais aussi parfois d'une viva- cité qui dépassait les limites reçues. Les Coups de fouet, qui ont eu plusieurs éditions, sont moins une oauvr-e de littérateur qu'une arme de guerre qui blessa cruellement une illustration du département de l'Ain. — « Je ne veux point finir, nous écrit-on de la Côte-Saint-André, sans vous donner une nouvelle vraiment archéologique. Nous avons perdu ces jours-ci la dernière marquise de Dolomieu à l'âge de cent et un an. Voilà notre vieux château, auquel se rattachent tant de sou- venirs, fermé et désert. Vous avez vu dans Chorier qu'il s'y est passé des événements remarquables entre autres les fiançailles de Louis XI avec Charlotte de Savoie. » Nous ajouterons, d'après les journaux du Dauphiné, que M"" Hen- riette de Manuel, mariée au marquis de Dolomieu, et décédée le 30 mars, était petite cousine du roi Charles-Albert. — Un de nos collaborateurs et amis, M. Hippolyte Bernard, vient de recevoir la décoration de la Medjidieh du vice-roi d'Egypte. — L'année théâtrale dont la fin s'approche a été une des plus re- marquables dont mémoire de figurant ait gardé souvenir; été comme hiver, les deux salles ont été habituellement pleines, et, suivant l'ex- pression admise, la chaumière n'a pas toujours nourri le château ; en d'autres termes, le grand théâtre n'a pas eu besoin, comme à l'ordi-