Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
274                        LA DIANA.

clairement cet usage. Eudes Allemand, seigneur de Champ
et chef d'une des plus puissantes maisons du Dauphiné,
distribue, par ce testament, ses nombreuses seigneuries et
fiefs entre Guigues et Gillet, ses fils, et Eenaud, fils d'un
de ses autres fils décédé avant lui, mais en imposant à
Gillet et à Renaud l'obligation de tenir en fief de Gui-
gues, leur aîné, tous les biens qu'il leur laissait. On voit
l'avantage, au point de vue féodal, de ce mode de par-
tage sur la pratique du droit d'aînesse pur, établi dans
l'intérieur de la France, pendant le régime du service mi-
litaire des fiefs. En fait, la seigneurie patrimoniale, quoi-
que divisée en plusieurs parts, conservait toute son impor-
tance, toute son unité d'action et de puissance. Tandis
qu'en France, là où le chef de famille n'avait que des
 filles, la terre passait en d'autres mains et la famille dis-
paraissait , en Dauphiné, il y avait presque toujours un
représentant mâle de la famille pour en relever la ban-
nière. Le chef de maison était personnellement moins ri-
 che qu'il ne l'aurait été en France-; mais la famille, réunie
 sous la bannière du représentant de la branche aînée,
 était tout aussi puissante et son chef tout aussi considéra-
 ble dans l'État que s'il eût été propriétaire de toute la terre.
Aussi, disait-on en Dauphiné : « Gare à la queue des Alle-
 mands et des Bérengers, » et voilà pourquoi, sous le ré-
 gime féodal, les grandes maisons Dauphinoises se main-
 tenaient si longtemps dans leur éclat, alors qu'elles
 disparaissaient si vite en France. Dans cette pensée per-
 sévérante de soustraire la famille au démembrement
 causé par l'hérédité des filles, l'usage était, en outre, de
 maintenir le plus possible les seigneuries indivises entre
 les frères et même entre les cousins-germains. De là la
  confusion qui a rendu si difficiles les généalogies de La-
 vieu, de Jarez, de Roussillon, etc., car on trouve quelque-