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24G                    CHRONIQUE LOCALE.
que par la vieillesse. Il repose aujourd'hui, entre sa femme et sa
fille, dans ce poétique Saint-Point que toute l'Europe connaît.
Ses funérailles ont été simples, mais pleines de larmes.
    M. de Lamartine était né trop près de Lyon, pour n'avoir pas
eu des relations fréquentes avec notre ville. Il avait noué, dès son
enfance, de nombreuses relations avec nos compatriotes et il
n'oublia jamais ni les hommes ni les choses qu'il avait alors
connus. Il commençait à peine sa carrière littéraire à l'époque
où il venait chez son beau-frère, M. de Montherot qui répondait
à ses hautes inspirations par les vers joyeux et badins que se
disputent les amateurs de poésies lyonnaises. On sait que les
vers de M. de Montherot, imprimés à très-petit nombre, n'étaient
destinés qu'aux amis de l'auteur. Nul doute que M. de Lamartine
ne se soit égayé aux fabliaux et qu'il n'ait ri aux badinages de ce-
lui qui est aujourd'hui le doyen des hommes de lettres lyonnais.
    Parmi les environs de Lyon que visitait le plus volontiers
 à cette époque M. de Lamartine, il faut citer Montcorin, cet
 élégant château, si heureusement situé au nord d'Irigny sur la
 colline que baigne le Rhône, en face de la Mulatière.
    Des terrasses du château et rêvant sous les magnifiques
 ombrages, M. de Lamartine contemplait la ville, le confluent
 de nos deux fleuves, les montagnes du Bugey et du Dauphiné,
 et dans le fond, comme cadre splendide à ce tableau, la ligne
 immense des Alpes couvertes de neige. Il y avait là de quoi ravir
 un homme moins poète que le chantre d'Elvire et de Jocelin.
     Une autre habitation qui avait gardé souvenir du poète, est
 Terreneuve, à Champvert près de la chapelle du Point-du-jour.
 Terreneuve appartenait à la famille de Roquemont, alliée aux
 Lamartine. Un jour que les propriétaires de la vieille demeure
 donnaient une soirée travestie, M. de Lamartine, qui allait en
 Italie et qui n'était pas encore connu comme littérateur, lut des
 vers inédits qui furent vivement applaudis. Au souper, il se
 trouva placé à côté d'une jeune dame à la physionomie expres-
  sive et enjouée, qui portait le costume pittoresque des paysannes
  des hautes montagnes du Lyonnais. La vivacité, la grâce piquante
  de sa voisine et surtout le patois sonore que la jeune, dame par-