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                       SALON DE 1869.                    15b

d'œuvre, et fusains et tableaux, sitôt reconnus à leur
marque de fabrique, sont indistinctement placés au meil-
leur jour, admirés et achetés. M. Appian qui le sait, n'a
plus qu'à tourner l'épaule à l'ami qui commet la mala-
dresse d'avoir des préférences et de trouver telle toile
meilleure que telle autre. Ce n'est plus l'homme d'il y a
dix ou douze ans, qui, rompant vaillamment des lances
contre l'ancienne école, cherchait dans les ateliers pari-
siens et devant la nature, l'impression vraie et le procédé
savant et large. Aujourd'hui il a trouvé; et il marche
droit, sûr de lui-même et du spectateur. Honni jadis,
maintenant acclamé, il apporte chaque douze mois, son
très-grand nombre de toiles qu'on expose fatalement à
côté de celles de Louis Guy, rapprochement intelligent
de la couleur noire et de la couleur jaune. Son apport
de cette année confirme plus que jamais cette confiance
inaltérable en l'habileté des doigts et en la sympathie
publique. — L'œuvre de ce peintre qui figurerait dans
mon musée fictif, daterait d'au moins huit ans.
   M. BAIL est un tout autre tempérament. S'il a le désir
anxieux du bien et du meilleur et la recherché conscien-
cieuse et incessante, la sûreté lui manque. Sa nature
est essentiellement rustique, d'une rusticité que certains
critiques ont entachée de vulgarisme, appréciation injuste
et qui a beaucoup nui à l'artiste, car il a voulu protester
par des essais dans une voie qui n'était pas la sienne, trai-
ter des sujets tour à tour élégants ou originaux, oubliant
sa simplicité native et se lassant dans ces efforts perdus.
Ses tableaux de cette année semblent faits dans un de
ces moments de fatigue. Que M. Bail n'écoute que lui-
même, n'hésite pas, et revienne bonnement dans sa voie
vraie. Il a eu d'excellentes toiles, franches, saines et
robustes ; je ne les réclame cependant pas pouç mon