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LA DIANA. 101 litês particulières, ne pouvant entrer dans cette assem- blée que comme seigneurs barons du Languedoc, ce qui les rend tous égaux entre eux. Puis suivent les autres, au nombre desquels se trouve l'écusson d'une fille, made- moiselle de Calvière, qui a un envoyé pour la terre de Confolens, et le dernier enfin, celui du duc d'Usezpour la terre de Florensac. Ainsi l'analogie est frappante, sauf un point dans le rapprochement qu'il s'agit d'expliquer ; c'est comme un jet de lumière qui éclaire la voûte de la Diana. Nous venons de voir qu'une province, six fois plus grande que la nôtre, ne comptait ou ne réunissait dans ses Etats que vingt-deux barons ou seigneurs haut-justiciers, tandis que la voûte de la Diana en suppose le double ; mais il faut remarquer que le tableau des barons du Languedoc est postérieur de trois siècles et demi à la construction de no- tre salle, et ceci va nous faire toucher du doigt le procédé de tranformation à l'aide duquel, du sein même du mor- cellement féodal, s'est préparée et accomplie l'unité de la France. Nous savons tous comment la royauté, si faible à l'ori- gine du régime féodal qu'un sire de Montlhéry et un sire du Puizet la tenaient en échec, finit cependant, grâce à l'hérédité de la couronne, à absorber, avec le temps, par mariages, héritages, acquisitions, conquêtes ou confisca- tions, les nombreux Etats qui constituaient l'ancienne féo- dalité. Mais, en même temps que la royauté poursuivait cette œuvre si nécessaire à la grandeur de la France, les feuda- taires, de leur côté, ducs, comtes ou barons, préparaient eux-mêmes, à leur insu, cette heureuse transformation, en appliquant, chacun dans leur Etat, les-mêmes procédés d'absorption que la royauté mettait en usage contre eux.