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         GIYITA-VBGGHIA EN 1868

     A Monsieur le Directeur de la Revue du Lyonnais.

                             Civita-Vecchia, le 5 novembre 186S.

   Vous avez sans doute, mon cher Directeur , ajourné votre
voyage en Italie jusqu'à l'ouverture du concile œcuménique. Au
lieu donc d'être votre cicérone à Civila, je me propose de vous
décrire ce que j'aurais voulu vous montrer. Nous y perdrons
tous les deux.
   Via del Campo-Orsino, au fond delà cour        passez sous cette
voûte, dont un peuple saint, en foule, inonde le portique. Levez
le pied ! — Vous alliez écraser un chat mort.- — Prenez garde
de heurter ces chiens galeux qui se disputent une tête d'agneau
ou un omoplate décharné. Escaladez cette rampe sombre ; vous
 voilà devant une porte verte, étroite et surbaissée. Entrez sans
 frapper : vous êtes chez moi.
    Ce n'est pas riche : un vestibule avec mes malles cosmopo-
lites ; un petit salon avec trois chaises et un canapé à l'usage
 spécial de mon chien; puis la chambre à coucher meublée d'un
 secrétaire éventré, d'un lit de fer où l'on peut dormir, en long
 ou en travers, indifféremment avec sa famille et ses amis. N'ou-
 blions pas deux objets qui figurent dans toute maison bien
 tenue : une paire de cornes gigantesques montées sur le socle,
 talisman contre le mauvais œil ; puis, seboking! une chaise
 qui n'est pas une chaise à porteur        Ici comme en Provence,
 beaucoup de commodités sont inconnues.
    Pas de plafond : un plancher disjoint qui soupoudre mon dé-
jeuner des ruines de l'étage supérieur. Pas de cheminée : au
 mois de janvier, ma propriétaire m'apportait trois" charbons de-
 mi-éteints dans un petit panier en faïence (caldino). Il est tdmis
 qu'avec cela on peut se chauffer.
    Mais donnez-vous la peine de passer au balcon et voyez,... Ma