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                    ANN1BAL ET LE RHÔNE.                     459

le nom de Punique) où nous faisons arriver et camper Annibal,
où aucun commentateur ne le fait stationner , examinons
militairement ia question, et, à défaut de renseignements
positifs , jugeons de ce qu'il a fait par ce qu'il a dû faire.
    S'il n'eût pas craint la présence de Scipion qui l'attendait
aux bouches (rive gauche) du Rhône , il eût passé ce fleuve
à la hauteur d'Arles, ou au-dessous de Roquemaure, et se
serait dirigé sur l'Italie par les Alpes maritimes, ou du moins
par le Monl-Genèvre, en remontant l'Aigues. Au lieu de
cela, il s'avance par une marche rapide au milieu des terres ;
il passe le Rhône au-dessous, et peut-être môme son avant-
garde au-dessus de la Drôme ; il marche sur la rive gauche
avec la même rapidité pour mettre l'Isère entre lui et son
ennemi, qui pouvait rassembler toutes les forces des peu-
 plades mécontentes, dont il avait sans doute dévasté ou ap-
 pauvri les territoires pour alimenter une troupe de près de
70,000 hommes, ses chevaux et ses éléphants ; il n'est donc
 pas croyable qu'Annibal, incertain des projets de Scipion,
eût attendu cet ennemi ayant une rivière profonde sur ses
 derrières, comme le prétendent les partisans de Ãile-Live.
    Se voyant ainsi à l'abri d'une surprise, il a dû songer à
 faire reposer son armée, en passer la revue avant de pénétrer
 dans les Alpes, et attendre les traînards ou blessés qui
 n'ont pu le suivre, et le nombre devait en être grand, car,
 étant entré dans la Gaule avec 72,000 hommes, il n'en avait
 plus que 26,000 en entrant en Italie.
    A Penol, il a dû étendre sa ligne du Rhône à Beaucrois-
 sant, faisant face à l'Isère, qu'il a dû faire observer par ses
 éclaireurs, pour disputer le passage de cette rivière à Scipion,
 et l'attendre dans cette belle plaine de la Côte-Saint-André,
 où il était sûr de le vaincre. Cet emplacement était sans
 doute le point où passait la ligne qui séparait les Tricoriens
 des Voconces,