page suivante »
460 ANNIBAL ET LE RHÔNE. Quant aux Tricastrins que quelques commentateurs cher- chent sans les retrouver, tandis que d'autres les trouvent partout, ce peuple, ou plutôt ce nom, devait être tout nou- veau pour les Gaulois, attendu qu'il est d'origine romaine et marqué au coin de la langue latine. Il était à notre avis, non le nom d'un peuple, mais d'une localité où les Romains avaient établi quelques fortifications, et je doute que Polybe ait écrit ce nom dans son manuscrit. Les Romains ont placé les Tricastrins dans le pays des Cavares, et cette loca- lité a conservé le nom de Sainl-Paul-Trois-Châteaux ; ils en ont placé aussi sur les bords du Drac, que Banville nomme Tricoriens ; Strabon et Plolémée nomment Tricastrins les populations du haut Rhône. Celte confusion dans les noms et les divisions territoriales ,de celle partie de l'Allobrogie provient de l'ignorance où étaient les Gaulois eux-mêmes de l'histoire de leur pays ; ils se faisaient une loi religieuse de ne rien transmettre à la pos- térité, ni par des écrits ni par des monuments. Après cent soixante-huit ans de silence, à l'époque oùparut Tite-Live, ils eurent tout à fait perdu le souvenir de leur ancien nom et de la nationalité primitive. Est-il donc étonnant que cet historien, écrivant à Rome, n'eût aucun document sur la réunion des Allobroges aux Tricoriens et à une partie des Voconces, et que le nom du roi Brancus ayant seul survécu dans la tradition populaire de ces peuples devenus allobroges, il en ait fait un roi de ces derniers, oubliant tous les autres, môme le nom de son frère ? que cet auteur ne trouvant plus la vieille branche du Rhône ou le fleuve Scoras, se soit tourné vers l'Isère, attendu qu'elle formait alors à son em- bouchure la limite de l'Allobrogie? Cependant la différence qu'il trouvait entre la description de Polybe et celle qu'il avait sous les yeux lui a arraché cet aveu : Miror ambigi quœnam Alpes Iraiisierit, Les nombreuses discussions des