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284 CHRONIQUE LOCALK. Le plus grand péril que pût courir M. Fabiscli, qui prononçait son discours de réception, était de prendre la parole après M.Sauzet; le plus grand éloge que nous puissions faire de lui est qu'il a été écouté avec attention et plaisir ; nos lecteurs peuvent apprécier la vérité du mot de M. Pétrequin, que , sculpteur, il a su faire parler aux arts la langue des belles-lettres. M. Martin-Daussigny avait à traiter des questions d'archéo- logie à propos de Spon. Au centre de ses études et de ses sympathies, il était à son aise et il ne devait pas douter du succès qu'il a obtenu. l a médecine et les lettres lyonnaises ont eu à regretter, le mois dernier, la perte d'un médecin littérateur qui s'était fait dans sa double carrière une réputation digne et méritée. M. Jacques- Pierre Pointe, né à Lyon en 1787, est mort le 14 février. La Revue du Lyonnais ne pourrait, sans manquer à un devoir, oublier de signaler encore une perte, mais toute intime, toute de famille, celle de la femme de son fondateur. Mme Boitel, décédée à Saint-Etienne, le 8 février, à l'âge de 46 ans à peine, avait contribué pour une large part à la fondation de la Revue du Lyonnais. Admirablement douée sous tous les rapports, comme artiste et comme femme, aussi*belle qu'intelligente, aussi chari- table que bonne et dévouée, elle avait un jugement sûr, une pratique des affaires qui plus dune fois furent d'un précieux secours à son mari. Tandis que Boitel, l'homme de l'enthou- siasme et de l'imagination, l'écrivain brillant saisissait au vol une idée jaillissant de la conversation d'un groupe d'amis et s'en emparait, prêt à s'en servir, pourvu qu'elle fût séduisante ou qu'elle parlât à son cœur, Mme Boitel réfléchissait, envisageait cette idée dans tous les sens, mûrissait son opinion et, les amis partis, dans le calme du tête à tête, présentait les raisons qui devaient la faire approuver ou rejeter. Boitel alors, plein de confiance, se rendait et il avouait franchement d'où lui venait ce changement d'avis inattendu. Mme Boitel, qui avait jugé que la Revue du Lyonnais devait réussir, a contribué plus que personne à faire entrer cette publication dans la voie grave et sérieuse qu'elle suit depuis vingt-six années ; quelques amis intimes croient même qu'elle n'a pas été étrangère à la rédaction de plus d'un article important dont elle n'a pas voulu prendre la responsabilité , préférant l'obscurité et le dévouement de la femme et de la mère à la gloire de l'écrivain. Elle s'est éteinte paisiblement, entre sa mère et sa fille, après une vie d'abnéga- tion que rien n'a pu démentir. Si la Revue du Lyonnais doit son succès et l'estime dont elle jouit à cette femme remarquable et modeste, qu'on nous pardonne de témoigner ici notre reconnais- sance et qu'on nous permette de lui accorder ce dernier souvenir. — Samedi 10 mars, grand Concert de M. George HAIKL. A. V. Aimé VINGTRINIER, directeur-gérant.