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                              DE L'HOMME.                               H g

   11 faut se rappeler qu'un animal n'est point une personne,
car aucun esprit ne se manifeste en lui. L'homme seul,
aussi longtemps que l'esprit habite "en lui, est une personne.
Un cadavre est une chose sans volonté. Les choses n'ont ni
volonté ni droit; les choses ne sont que des moyens. Le
plus saint, le plus sacré de tous les droits , c'est le droit
d'être homme. Tous les autres en découlent. Celui qui ne le
respecte pas pèche contre lui-même. Dans les sociétés hu-
maines nous limitons mutuellement les exigences de notre
droit, sans cette restriction tous les individus seraient en
guerre. Chacun doit reconnaître chez les autres la même
raison, la même dignité humaine , les mêmes prétentions.
La figure humaine est comme une lettre de recommandation
pour le voyage en cette vie. Elle atteste l'égalité de droits
chez les hommes de toutes les races et de tous les climats.
   Nous passons sous silence les folies de l'égalité artificielle,
du partage des fortunes, de la communauté des femmes et
des enfants. N'a-t-on pas voulu aussi l'égalité d'opinion et
de savoir, sous peine d'être déclaré ennemi de l'Etat ? Cette
folie législatrice ne peut établir l'égalité des intelligences, du
talent et de l'expérience. Ordonner que chacun fasse abné-
gation de lui-même et de tout ce qu'il sait, transforme sa
manière d'être, c'est vouloir l'impossible. Autant vaudrait
demander que toutes les bêtes chantassent comme le rossi-
gnol ! On pourrait, parla même raison, établir une consti-
tution statuant que tous les enfants nés en pleine lune
 seraient les premiers du peuple en vertus et en connais-
sances, aptes à en devenir les chefs (1).

   (1) Si l'égalité dont on parle tant est quelque chose de désirable, elle
doit être analogue à celle qu'après l'abolition du droit du plus fort on in-
troduisit dans la société par de sages lois. C'est donc un argument fort sin-
gulier que celui qu'on allègue en faveur de l'inégalité, lorsqu'on dit que les
hommes naissent avec des forces et des facultés ine'gales ; car c'est précisé-