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LA BATAILLE DE BRIGNAIS ET LES GRANDES COMPAGNIES. Parmi les pages douloureuses de notre histoire nationale l'une des plus tristes est sans contredit celle qui renferme le règne du roi Jean. Ce prince que ses contemporains, on ne sait trop pour~que!!e cause, surnommôrent7e bon; était fait pour perdre la France. Fastueux et prodigue, superbe et brutal, brave jusqu'à la témérité, délicat jusqu'au raffinement en .matière d'honneur chevaleresque, lui aussi, par ses dé- fauts comme par ses qualités, il fut peut-être, à sa date, le premier gentilhomme de son royaume; mais son caractère, mélange singulier d'orgueil et d'impérilic, d'arrogance des- potique et d'ignorance aveugle en matière de gouvernement, de guerre et de finances, ne laisse apercevoir aucune des vertus, aucun des talents que la royauté suppose, et dont la France, aux prises avec l'Angleterre, avait alors un si grand besoin. Son règne s'ouvrit par des crimes et des désordres; il vint bientôt aboutir à l'immense désastre de Poitiers qui plongea la France dans un abîme de malheurs. Aujourd'hui encore, à cinq siècles de distance, on ne peut lire sans émotion, dans les auteurs contemporains, le récit des maux de tout genre qu'elle eut alors 5 supporter. D'une extrémité du royaume à l'autre, le pays, déjà dévasté par les incursions des armées