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368             ÉLOGE DE M. DE CHANTELAUZE.

 députés promus a des fonctions publiques, qui depuis a
trouvé place dans la Charte de 1830.
   On savait le mérite de M. de Chantelauze et on comptait
sur son dévouement.
   Le ministère de l'Instruction publique lui fut offert dès le
mois d'août 1829. On lui fit de vives instances. M. de
Montbel qui avait appris à l'apprécier, le pressa surtout
d'accepter ; il s'en défendit avec une noble et modeste fer-
meté, et fut assez heureux pour faire agréer son refus.
   Cependant le péril croissait. Une modification ministérielle
rendit vacants les sceaux de France. Le Dauphin qui traver-
sait Grenoble fut chargé de les lui offrir. M. de Chantelauze
ne balança pas à préférer à l'éclat de la simarre, la calme
dignité de la magistrature parlementaire. Il ne craignit pas
de témoigner respectueusement au Prince son désir de rester
fidèle à la carrière qui avait fait l'attrait, le but et l'hon-
neur de sa vie.
   Mais on parut croire qu'il fuyait les périls plus que les
grandeurs et qu'il se servait, pour décliner les vœux de la
royauté, de la perpétuité même des fonctions qu'il tenait de
sa confiance. Cette seule idée souleva toutes les délicatesses
de son âme. Son parti fut pris. L'obéissance n'avait que des
dangers ; il obéit et déposa les insignes de sa magistrature
aux pieds de la Royauté. Il voulut faire voir que rien en lui
n'était inamovible excepté la fidélité.
   Toutes les vicissitudes de ce combat intérieur, toutes les
péripéties de ce drame d'abnégation et de grandeur, se trou-
vent admirablement dévoilées dans une lettre qu'il écrivait
à son frère aîné au moment même où il allait franchir le
seuil de la chancellerie.
   Ce frère qui quitta, en 1830, la présidence de son tribu-
nal pour s'attacher a son frère et ne voulut jamais depuis
rentrer dans la magistrature, m'autorisa h la lire a la Cour