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                ÉLOGE DE M. DE CHANTELAUZE.                367

être évite', comment la conciliation ne put s'opérer entre des
âmes si bien faites pour s'entendre.
   On se figure ce qu'une telle réconciliation eût pu donner
a la patrie de liberté féconde, de fixité sociale et d'autorité
politique. On aime a se représenter ce qu'eût pu être la
France unissant les traditions des siècles aux conquêtes du
siècle, armée de toutes ses forces et couronnée de toutes
ses grandeurs, qui, même séparées, ont laissé de si nobles
traces dans nos annales, et qui ont donné tour à tour à
notre pays trente-quatre années de paix et de liberté sans
exemple dans son histoire.
   Mais ces regrets rétrospectifs, si patriotiques dans leur
source, ne tiennent compte ni des temps ni des hommes.
Tant d'années de discordes avaient porté leurs fruits : les
exigeances comme les résistances s'étaient accrues sans
mesure; les défiances étaient devenues invincibles, les an-
tipathies inexorables, les passions frémissantes; les partis
avaient poussé le cri de guerre. La fatalité qui avait si
longtemps divisé la France entraînait tout le monde aux
abîmes.
   M. de Chantelauze le voyait comme tous les esprits sages.
Son caractère modéré lui eût rendu la conciliation plus
chère qu'a tout autre ; mais l'inévitable approche de la lutte
frappait tous les yeux.
   À la veille de cette lutte suprême, la royauté voulut
grouper autour d'elle toutes les fidélités courageuses. Celle
de M. de Chantelauze fixa ses regards. Nommé député de
la Loire en 1828, il avait conquis une place importante a la
Chambre par l'autorité de sa parole et plus encore par celle
de son caractère.
    Il avait prêté plus d'une fois son appui aux mesures libé-
rales et ce fut sur son rapport que la Chambre prit en con-
 sidération la proposition de soumettre a la réélection les