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CONCERT DE M. GGK. HAINL. MATINÉE MUSICALE DE M. PONTET. Il est d'usage en France que les giboulées et les concerts tombent dans le mois de mars. Cette année les choses se sont passées convenablement : nous avons eu plus de neige que de musique ; je parle de cette musique de complaisance où la ro- mance succède à la fantaisie brillante pour tel ou tel instrument. Mais il est une autre musique pour laquelle on braverait tous les givres possibles, celle-là a fait quelques apparitions ce mois- ci, entre autres à l'occasion du concert annuel de M. George Hainl. Les exécutants se composaient du personnel du Grand- Théâtre et il est inutile de s'appesantir sur le talent de ces artistes que Paris regrette ou convoite. Les noms des plus grands compositeurs se coudoyaient sur le programme et c'est ce qui donnait à cette séance un intérêt tout spécial. C'était une sorte de steeple-chase de Maestri. D'abord Cherubini au style fugué, dont le travail ingénieux relève la maigreur des idées. Puis Gluck dont l'orchestration sonore n'a pas vieilli, chez qui le sentiment est profond et vrai ; c'est là ce que M. Âchard a bien compris en chantant avec simplicité les plus beaux airs &'Orphée. Puis Berlioz ; mais quoi, est-ce là ce puissant instrumentiste ? Le pâtre Breton ne le ferait pas reconnaître et les dessins décor, de clarinette etc. qui ornent chacun des couplets ne suffisent pas à en relever l'aspect uni- forme. Arrivent Meyerbeer et Gounod l'un et l'autre avec leurs œuvres nouvelles ; le Pardon de Ploërrnel est plein de couleur locale, les idées y abondent, les effets d'orchestre y sont saisis- sants et pourtant en écoutant cette ouverture magistrale on est gêné par un certain décousu qu'excuse à peine les sentiments de folies et de frayeurs qui constituent le fond du libretto; le chœur de soldats de Faust est un fragment grandiose d'une allure franche et hardie, et dont les effets sont amples et riches. Rossini, lui, se présentant avec son Inflammatus chanté par M1,e de Maësen, se trouve hors de concours. Le grand succès a été pour Cimarosa dont Mme Van-den- Heuvet a attaqué le trio avec des gazouillements, des roulades, une finesse et un esprit vraiment prodigieux. Au milieu de tous ces compositeurs, dont la plupart ont écrit pour le théâtre, si l'on se demande quel est celui dont l'expres- sion dramatique est la plus élevée, on est embarrassé pour répondre; Schubert s'avance avec sa Religieuse toute frémis- sante d'impatience dont l'orageuse émotion se calme à peine dans une prière à la Vierge— et la question est tranchée. Honneur à Mme Rey-Balla qui a si bien rendu cette émouvante mélodie. M. George Hainl a complété cette soirée remarquable en inter- prétant de son jeu coloré des productions de Franchomme et de Servais. Le 25 de ce mois a eu lieu le concert de M. Pontet clôturant les séances de musique de chambre qu'il a données tout l'hiver, secondé par le goût délicat de MUe Dorville. Cette matinée a été un triomphe pour le bénéficiaire et pour tous les artistes qui lui