page suivante »
LETTRE AU SUJET DE MÉDAILLES CARLOVINGIENNES TROUVÉES A VILLEFRANCHE. A Monsieur le Directeur de la Revue du Lyonnais. MONSIEUR LE DIRECTEUR, La semaine dernière, les journaux de Lyon annonçaient, d'a- près une note insérée dans le Journal de Villefranche, qu'une découverte de monnaies remontant à l'époque de Charlemagne venait d'être faite dans la commune de Pommiers, canton d'Anse (Rhône). Là s'arrêtait les détails de cette note qui avait excité la curio- sité de Messieurs les archéologues et les amateurs de numisma- tique. Etant aujourd'hui possesseur des pièces composant cette trouvaille, je puis compléter les renseignements qui s'y ratta- chent et qui peut-être pourront intéresser les lecteurs de votre Revue. C'est sur la montagne de Buyzantes, jadis célèbre ( d'après. une tradition locale) par les ruines d'un temple druidique, qu'un habitant de Pommiers, en défrichant une vigne, brisa d'un coup de pioche un grossier vase en terre qui contenait un nombre assez considérable de petites pièces d'argent très-bien conservées, et qui probablement ont dû être enfouies dans ce lieu sans jamais avoir été livrées à la circulation. Ces pièces, toutes semblables, sont des deniers frappés à Lyon vers le Xe siècle, sous le règne de Conrad le Pacifique, roi de Bourgogne. Leur légende est ainsi conçue : Conradus $. Dans le champ une croix entourée d'un grenetis, et au revers : Lugdunus $fc. Dans le champ un autel surmonté d'une croix au milieu d'un grenetis. Le type général de ces"monnaies diffère de celui précédemment connu et qui néanmoins provenait du même atelier monétaire, ce qui devra ajouter un nouvel intérêt à ces pièces récemment découvertes. Déjà , il y a quelques années, un certain nombre de deniers d'argent de Rodolphe II, roi de Bourgogne, avaient été trouvés à la suite d'une circonstance semblable dans une autre localité du Beaujolais. Cette localité, déjà célèbre par ses riches produits vinicoles, a donc ainsi pu , cette année-là , posséder l'heureux privilège de doter en même temps, et très-agréablement, de bonnes pièces les médaillers et les caves de Messieurs les amateurs. Recevez , Monsieur le Directeur, l'assurance de mes sentiments distingués. . VAGANAY, antiquaire à Lyon. Lyon, le 22 février 1860.