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2S0                     EXPOSITION LYONNAISE.
des demi-soleils, des carrefours ombreux , des nuages de grêle ,
C'est un goût, une manière à lui, jusqu'à présent. Or, dès
qu'une chose est dans la nature, pourquoi n'aurait-elle pas ses
poètes et ses peintres, surtout quand ils apportent à leurs poésies
autant de vérité, autant de soins que M. Chevallier? Il est diffi-
cile de faire plus de progrès que lui dans une voie qui conduit
à la faveur par des sentiers voilés d'ombres mais sûrs.
   M. Delorme a modelé les figures du gradin d'un autel à colon-
nettes , dessiné par M. Tisseur, et dans flequel la grâce toujours
ferme des détails, le dispute à la fermeté toujours gracieuse des
lignes, pour arriver à produire un effet grave et solennel admi-
rablement approprié à la destination du/ujet. Les figures de
saintes ont du style, quelques-unes de la poésie et du caractère ;
elles doivent pourtant avoir perdu la finesse de leur aspect pri-
mitif et de leurs nuances variées. Le grain trop gros de la pierre
a été surtout la cause de cette différence trop accusée par l'exé-
cution du modèle. Les études ne sont pas toutes à la même
hauteur. Néanmoins c'est un- travail bien inspiré et qui dénote
les aptitudes sérieuses de l'auteur.
   Lés chevaux de M. Dubuisson nous ont longtemps manqué.
Les voilà revenus les uns au galop, les autres au trot. Nous pré-
férons ceux qui sont au repos ou à l'écurie. Ces études ont la
force et la netteté que nous cherchons vainement dans les
paysages et les scènes locales qui présentent des tons heurtés à
force d'être vifs , confus, empâtés, à force d'être variés, et qui
tiennent peu de compte des dégradations.
   M. Duclaux,le peintre des troupeaux paisibles et des ruisseaux
tranquilles, est toujours M. Duclaux. Son talent spécial lui reste
fidèle , et il reste fidèle à son talent
   Dans la Mater Dolorosa de M. Dumas , un membre de la co-
lonie lyonnaise de Rome, tout pleure, tout, jusqu'aux draperies
admirablement ajustées pour s'unir à cette douleur sublime et
exprimée avec une effusion contenue, avec une dignité onctueuse,
qui portent l'émotion au plus profond des âmes. Le type évan-
gélique et traditionnel est un peu sacrifié j mais il l'est en faveur
d'une beauté idéale dans sa réalité saisissante, dans sa simplicité
grandiose. La figure de la Vierge n'a rien d'affecté, rien de vieilli
à dessein ; tout ce qu'on peut souffrir, elle le souffre et le souffre
sans affaissement, sans prostration morale. C'est une grande
âme transpercée de douleurs surhumaines , et qui reste debout
en face de ces douleurs, et plus forte qu'elles. La majesté de sa
résistance aux déchirements de son cœur attendrit et console à la
fois. Il y a , en un mot, dans cette immense petite toile , l'élé-
ment principal d'une page religieuse de la plus haute valeur
comme pensée et comme exécution.
   La mémoire d'Alphonse Balleydier vivra autant et plus par le