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    230                    VIE PRIVÉE EN BOURGOGNE
    nécessaires à la vie, le blé, la viande et le vin, nous amène
     donc à établir que la vie commune n'était point trop dif-
    ficile autrefois, et que si nos prolétaires de 1859 obtiennent
    le pain à aussi bon compte et le vin à un peu meilleur mar-
    ché, ils ont, en revanche, tout lieu de regretter le pot au
    feu de leurs ancêtres. Il faut donc raballre quelque chose de
    ces idées toutes faites touchant la lamentable misère des
    taillables et corvéables à merci, dont, hier encore, on
    amusait notre sensibilité un peu crédule.
        Toutefois, ces résultats ne sont absolument vrais que pour
    ce qui regarde les ouvriers des villes , dont les salaires ont
    toujours été plus forts que ceux des ouvriers de la campagne.
    La rémunération des villageois consistait bien moins dans
    le prix du loyer de leur travail que dans la vente du produit
    de leurs cultures, et, en 1385, le blé se vendant 6 francs le
    double-décalitre, le cultivateur devait être suffisamment
    rémunéré (1).
       N'oublions pas non plus que Tannée 1385, sur laquelle
    nous avons fixé nos investigations, était une de ces années
    de paix profonde dont on jouissait si rarement au moyen
    âge. Quand la guerre arrivait, amenant avec elle tous les
    fléaux, la condition du bonhomme changeait aussitôt, et
    nous sommes encore effrayés aujourd'hui du degré de mi-
    sère où il était parfois réduit.
       Ce serait ici le lieu, pour compléter cette élude, de déter-
    miner à quel prix l'homme du peuple s'habillait, mais nos
•   rôles ne nous offrent aucun moyen de le faire. Les articles
    d'étoffes et de vêtements ne concernent que les varlets atta-

        (1) Il aurait été facile d'élargir cette étude, car il est peu de matières
    sur lesquelles les renseignements-soient plus abondants. Mais il aurait
    fallu pour cela donner à des considérations accessoires une étendue qui
    nous aurait détourné du véritable but de notre travail. Nous avons donc
    préféré rester dans les limites que nous nous étions posées.             \