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2 [4 NOTICE SUR LE TERRITOIRE Cette même année 1809 vit entreprendre, pour la digue, des travaux de restauration, dont le devis se monta à 38,000 francs. Malgré cette défense contre les divagations du Rhône, le terri- toire de la Tête-d'Or et de la Guillotiere fut grandement ravagé en 1812, par une crue subite du fleuve, qui eut lieu dans la nuit du 17 au 18 février. Maintenant ces terrains sont protégés par des digues insubmersibles : l'expérience nous apprendra quel sera le régime de toutes les eaux rejetées dans un même lit, et si le pont Morand, le plus frêle et le plus exposé à leurs attaques, aura la force de résister. Je ne dois pas oublier que j'écris l'histoire du territoire de la Tête-d'Or, et je m'égare un" peu, dans le quartier des Broteaux proprement dits, qui est son voisin ; il y aurait tout un travail à faire, si l'on voulait évoquer les souvenirs de Polichinel, du père Thomas, des montagnes Russes , des montagnes Françaises, du jardin de Paphos, du café du Grand-Orient et de bien d'autres établissements qui n'étaient pas dédaignés de la bonne société, l e beau monde de notre temps ne concevra pas qu'on ait pu s'amuser de plaisirs dont on jouissait moyennant quelques cen- times. Aujourd'hui rien n'est enviable si l'on ne dépense pas ostensiblement beaucoup d'argent. Je vais quitter la vieille grande allée et ramener le lecteur autour de l'ancienne grange Lambert. XV. Le bois de la Tête-d'Or, dans son état de nature, dans son état inculte, me paraissait une admirable promenade. Où trouver quelque chose de plus pittoresque que ces saulées, plantées sur un espace accidenté par de légers plis de terrain , parsemées de petits marécages, au milieu desquels croissaient librement des joncs gigantesques? C'était, pour les peintres de paysages, un trésor qui leur fournissait de charmants motif» d'étude. Je sais bien qu'aujourd'hui tout cela n'est plus autant à regretter; car les peintres de la nouvelle école étudient peu la nature : ils en savent bien plus qu'elle et, suivant l'expression d'un homme d'esprit, ces Messieurs, au lieu de demander des leçons â la na-