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202 LA BATAILLE DE BR1GNAIS. Lorsque les nouveaux chevaliers se furent mis en selle, Jacques de Bourbon donna le signal de l'attaque, et l'armée s'ébranla. Arnaud de Cervolles conduisait l'avant-garde forle de quinze cents combattants ; il s'élança bravement à l'assaut des positions ennemies. Immobiles derrière leurs remparts, les Routiers laissèrent l'archiprêtre s'avancer à la tête de ses troupes jusqu'au pied du monticule qu'ils occupaient ; mais lorsqu'il entreprit d'en gravir l'escarpement, il fut tout à coup accueilli par une grêle de pierres, qui renversèrent les premiers rangs et mirent le désordre parmi ceux qui les sui- vaient. Vainement l'archiprêtre s'élança—t—il à l'escalade, "entraînant les siens de la voix et de l'exemple, et s'efforçant d'arriver jusqu'à l'ennemi pour le combattre corps à corps;; les Routiers du haut de leur éminence, « où il y avoit plus « de mille charretées de tous cailloux, » continuèrent a faire pleuvoir les rochers sur les assaillants. Ils n'avaient qu'à se baisser et à prendre-, aussi la grêle meurtrière tombait-elle sans repos ni trêve sur cette cohue confuse, précipitant les uns* renversant les autres, « effondrant bassinets tant forts qu'ils « fussent, navrant et meshaignant tellement gens d'armes, « que nul ne pouvoit ni n'osoit aller ni passer avant, tant « bien large qu'il fût (1). » Rompue el découragée, l'avant- garde dut se retirer devant celte avalanche de projectiles» d'une nouvelle espèce. Elle alla essayer de se reformer à dis- tance, laissant au pied du monticule un monceau de cadavres. A la vue de cet échec, Jacques de Bourbon accourut en toute- hâte, à la tête de toutes ses troupes, pour soutenir son avant-garde el donner un assaut général. Chevaliers et écuyers s'avançaient, bannières el pennons déployés, couvrant la plaine et s'irritant de se voir arrêtés par une poignée de vilains. Imprudents et aveugleSj ils vinrent se ruer sans ordre contre le monticule; les gentilshommes avaient mis pied à (1) Froissart, ch. 151.