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LA BATAILLE DE BRIGNAÃS. â03 ferre ; ils s'élançaient en tumulte parmi les fantassins, s'ac- crochant aux broussailles, se relenant aux aspérités da roc et faisant rage contre l'obstacle qui les arrêtait. Vains efforts ! furie inutile ! Les projectiles des Souliers n'étaient point épuisés ; à peine l'armée royale fut-elle arrivée à portée de trait, que la grêle de rochers recommença à tomber de plus belle ; les Routiers « jeloient si ouniement et si roidement « les pierres et les cailloux sur ces gens d'armes, qu'il n'y « avoit si hardi ni si bien armé qui ne les ressoignât. » Les troupes royales s'obstinèrent : au lieu de tourner l'obs- tacle, elles s'opiniâtrèrent follement à l'attaquer de front. Une heure s'écoula de la sorte, et les cadavres s'amonce-' laient sans que les gens des Compagnies fissent mine d'être ébranlés. Tout à coup un grand cri retentit sur le flanc gauche des assaillants : c'était les bandes des Routiers qui sortaient de leur embuscade et débouchaient dans la plaine. Pendant que les troupes royales, tout entières à leur attaque, se faisaient tuer au pied du monticule sans regarder autoup d'elles, Séguin de Balefol avait tourné la colline sur la droite, et, longeant le coieau d'Irigni, il venait surprendre son im- prudent, adversaire par une attaque deflanc.Les Routiers s'a- vançaient en bon ordre, la pique haute « drus et serrés comme « une brosse, » en poussant leur cri de guerre : saint Georges ! saint Georges ! L'armée royale n'eut que le temps de faire volte-face : meurtrie, épuisée, en désordre, elle était hors d'état de résister à ces dix mille hommes de troupes fraîches, qui venaient la heurter du fer de leurs longues lances, tandis que la garnison du fort, s'élançanl enfin à cette heure, en- jambait ses remparts et vomissait dans la plaine non plus une avalanche de rochers, mais une avalanche d'hommes. Les gens du roi tinrent bon cependant, et « il y eut grand « rifflis et grand touillis des uns et des autres. » L'archi- prétre fit merveilles : il s'élança bravement au milieu de ce