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                  LA BATAILLE DE BR1GNAIS.                201

« mille combattants, et vous oez tout le contraire. » — « Sire,
« répondit l'archiprêlre, encore n'en cuidé-je mie moins ;
« et, s'ils n'y sont, Dieu y 'ait part, c'est pour nous. Si re-
« gardez que vous en voulez faire. » — « En nom de Dieu,
 « répondit Jacques de Bourbon, nous les irons comballre au
 « nom de Dieu et de saint Georges. » Vainement l'archi-
prêlre et quelques vieux chevaliers représentèrent-ils qu'il y
avail trop grand péril à aller déloger les Routiers de leur
redoutable position, et qu'il valait mieux attendre que les
Grandes Compagnies, à bout de vivres, fussent descendues
de leur fort pour leur livrer bataille en rase campagne.
Jacques de Bourbon aurait cru se déshonorer en faisant mine
de craindre une poignée de bandits; il opina pour une atta-
que immédiate, la noblesse animée des mêmes sentiments
chevaleresques, se rangea à son avis, et il fut décidé qu'on
courrait sus à celte canaille.
   Ce projet adopté, Jacques de Bourbon descendit dans la
plaine des Barolles ; on y déploya les bannières et l'armée
se forma en bataille. Afin d'exciter l'ardeur de ses Iroupes,
il voulut, comme cela se pratiquait parfois au moment d'une
action importante, armer chevaliers, avant le combat, les
jeunes gentilshommes de son armée qui allaient faire en celte
rencontre leurs premières armes. Celte cérémonie s'accomplit
solennellement sous les yeux des Routiers, toujours immo-
biles sur leur rocher comme un oiseau de proie dans son aire.
Pierre de la Marche, le fils aîné du général, se présenta le
premier, sur le front de l'armée, conduit par ses parrains ;
 après lui vinrent les deux jeunes comtes de Forez, les sei-
 gneurs de Villars et de Roussillon, les sires de Tournon et
 deMonlélimart, ainsi que le fils du sire de Groslée, qui avait
 voulu combattre auprès de son père. Jacques de Bourbon
 leur donna successivement l'accolade, reçut leur serment et
 leur remit l'épée et la bannière.