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                    LA BATAIDLE DE BRIGNAIS.                153

 anglaise. La misère s'en accrut, et l'épuisement fut si complet,
 que, s'il faut en croire Gommines, on fut obligé, après les
 levées faites, de se servir d'une monnaie de cuir percée d'un
'petit clou d'argent. (1) Le roi Jean, ému de ce dévouement,
 s'efforça pour prouver sa reconnaissance de ranimer le
 commerce et l'agriculture dans ses Étals amoindris. -Mais • au
 moment où les sages ordonnances qu'il publia dans ce dessein
 allaient peut-être produire leur fruit, un nouveau fléau vint
 s'aballre sur la France; c'étaient les Grandes Compagnies.
     Depuis longtemps déjà, outre les troupes communales et
 féodales, qui ne coûtaient rien à la royauté, mais qui ne mar-
 chaient que pour un certain temps et jusqu'à une certaine
 dislance de leur pays, les rois de France avaient l'habitude de
 prendre à leur service des bandes de mercenaires, qui
 s'engageaient, moyennant une solde, à rester sous les dra-
 peaux, tant que durait la guerre pour laquelle on avait loué
 leurs bras. On les voit apparaître sous le règne de Louis VI;
 Philippe Auguste' s'en servit dans ses longues guerres avec
 les Anglais; Henri II, avant lui, en avait fait autant en
 Angleterre dans sa lutte avec ses trois fils, ligués contre son
 pouvoir avec Louis-le-Jeune; leurs successeurs suivirent leur
  exemple, et il ne se livra guère de combats auxquels les
 soldais ou soudoyers ne prissent part. Ces troupes mercenaires
  se recrutaient, on le comprend, d'une façon Irès-irrégulière :
 ce n'était le plus souvent qu'un ramas de bandits et de vaga-
  bonds, de langue et de nationalité diverses, réunis autour d'un
  chef par l'attrait d'une vie aventureuse et du pillage. On leur
  donne dans l'histoire différents noms : Tantôt on les appelle
  Cottereaux, (en bas latin Colcrellf), du nom du Coterel ou
  grand couteau, la seule arme que le droit féodal accordât aux
  paysans; tantôt on les nomme Brabançons, (Brabanciones;

  (1) Mémoires de sire Philippe de Commines, p. 222,