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156                    LA BATAILLE DE BRIGNA1S.

 Brebanciones, Brebanlini), parce qu'un grand nombre étaient
 originaires du Brabanl; tantôt enfin on les désigne sous le
 nom de Routiers (Ruplarii ou Rularit), que du Gange fait
 dériver du lalin rumpere, parce que ces soldats n'étaient selon
 lui que des paysans habitués à labourer la (erre, (1) et qui
 vient, suivant d'autres auteurs, du mot gaulois rupta ou
 roule, qui signifiait une bande de soldats (2). Ces bandes ou
 routes de mercenaires faisaient partout d'effroyables désor-
 dres. La royauté qui s'en servait était souvent trop faible pour
 les tenir dans le devoir, et on les voyait, quand la paix les
 faisait licencier, continuer la guerre pour leur propre compte
 cl piller le pays qu'ils étaient venu défendre. Aussi le métier
 de routier était-il réputé infâme, et on lit dans un mandement
 d'un archevêque de Narbonne cité par du Cange, que l'Église,
 dès le XIIe siècle, les rejetait de son sein : « Mandamus
 qualenûs hœrelicos et eornm fautores et deffensorcs, Bravan-
tiones, Cotarcllos           publiée excommunicelis » (3).
    Ces troupes irrégulières pullulèrent en France pendant la
guerre de Cent ans. Eiles se donnaient tantôt aux Anglais,
tantôt aux Français, combattant vaillamment aux jours de
bataille, pillant la campagne quand la guerre leur laissait du
loisir, et passant sans scrupule d'un camp à l'autre, selon

   (1) « Quod terram aratro proscinderent seu derumperent. » Ducangc,
Glossaire, v° Rumpere.
   (2) Quoi qu'il en soit de ses étymologies diverses, le mot routier est resté
dans la langue avec un sens bien déterminé, qui fait suffisamment connaître
sonacceplion primitive. Aujourd'hui encore on dit proverbialement d'un
homme fin et cauteleux : c'est un vieux routier. On se souvient aussi du
rat de La Fontaine :
       C'était un vieux routier, il savait plus d'un tour;
       Mémo il avait perdu sa queue à la bataille.
                                         Liv. m, fab. 18 e .
  (3) Ducangc. Glossarium, v° Cotarelli.