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154                   LA BATAILLE DE BRIGNAIS.

nos annales; car si le roi d'Angleterre renonçait « au nom,
 « au droit, aux armes et au chalenge de la couronne de
« France (1)»en revanche il obtenait en souveraineté directe
le Poitou, l'Aunis, l'Angoumois, la SainSonge, le Limousin,
le Périgord, le Quercy, le Rouergue, l'Agénois, le Bigorre, le
Ponthieu, Guines, Calais et nombre de villes, châteaux,
forteresses et seigneuries, avec 3,000,000 d'écus d'or,
(près de 250,000,000 de francs d'aujourd'hui) payables en six
ans, pour la rançon du roi. C'était acheter la paix de toute
la richesse numéraire de la France et de la plus belle moitié
de son territoire ; mais le besoin en était si général et si
pressant qu'on ne trouva pas qu'elle eut été payée trop cher;
on en accueillit avec joie la nouvelle dans toutes les provinces,
et quand le roi Jean, à son retour de Londres, rentra dans sa
capitale, « il y fut puissamment recueilli de toutes manières
« de gens, et si lui donna-l-on de beaux dons et fit-on de
« riches présens, et le vinrent voir et visiter les prélats et les
« barons de son royaume, e! le feslioient et conjouissoient,
« ainsi comme il appartenoit (2). »
   La France cependant ne touchait pas encore au terme de
ses misères. Il fallait trouver de l'or pour payer l'énorme
rançon du roi. Jean II, il est vrai, avait obtenu du pape le
droit de lever deux décimes sur le clergé ; les Juifs qui avaient
été chassés du royaume sous les règnes précédents achetèrent
avec de grosses sommes !a licence d'y demeurer et trafiquer
pendant vingt ans ; enfin on vendit à prix d'or 5 Jean Galèas,
duc de Milan, l'honneur d'épouser une fille de France. Mais
ces divers expédients se trouvèrent insuffisants, et ce fui
encore le peuple qui dut payer la plus grosse part de la dette


  (1) Chroniques de sire Jean Froissart, édition Buchon, livre 1, part. 2°
ch. 139.
  (2) Froissart, id. ch. 145,