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LA BATAILLE DE BRIGNAIS. 153 anglaises, s'épuisait à payer les impôts excessifs établis par la noblesse pour acquitter sa rançon. Les paysans s'étaient lassés de cultiver la terre au profit de la chevalerie qui n'avait pas su les défendre ; ils abandonnaient leurs champs et se faisaient vagabonds. Au nord, ils s'assemblaient en troupes et for- maient celte terrible armée des Jacques, qui rasa, en quel- ques mois, tant de demeures féodales, et fil trembler Paris; dans le reste de la France, ils creusaient, pour s'y réfugier avec leur famille et leur bétail, ces vastes souterrains don^ on voit encore aujourd'hui des vestiges, ou bien ils se réunis- saient aux bandes de pillards qui ravageaient le plat pays, sous le nom de Navarrais. La bourgeoisie s'éiail levée pour sauver la France; mais elle ne larda pas à outrepasser les bornes de sa mission: non contente de prendre en main le gouvernement et d'arracher au Dauphin les réformes de louj genre que demandaient les événements, elle entreprit de lui enlever le pouvoir exécutif lui-même, et de substituer l'autorité du tiers-état naissant à celle de la noblesse, du clergé et du roi. Ce mouvement révolulionnaire, dirigé par le prévôt des marchands de Paris, Elienne Marcel, et par Charles le Mauvais, roi de Navarre, qui espérait, au milieu du trouble, se frayer un chemin jusqu'au trône, aboutit bientôt à la guerre civile: des factions se formèrent,, animées d'une haine ardente; on oublia l'Anglais pour s'enlr'égorger; Paris fut ensanglanté par des massacres, et le désordre devint général comme l'était la misère. Telle était la déplorable situation de la France, lorsque Edouard 111, cédant aux prières de Simon de Langre. abbé de Cluny et légat d'Innocent VI, consentit à s'aboucher avec le Dauphin et à entendre parler de paix. Les mandataires des deux princes se réunirent dans le petit hameau deBréligny, à deux lieues de Chartres, et y signèrent le traité de ce nom, le 8 mai 1360. Ce" traité est resté tristement célèbre dans