Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                      IETTBES CE F. OZANAM..                       81
ne sont pas les propositions, mais la portée scientifique et sociale
de l'Evangile que l'on discute ainsi. La lice est ouverte et toutes
les opinions, voire même saint-simoniennes sont admises à la
tribune. Toutefois, comme les catholiques sont égaux en nom-
bre à ceux qui ne le sont pas et que d'un autre côté ils apportent
plus d'ardeur, de zèle et d'assiduité, c'est toujours en leur faveur
que la victoire intellectuelle se décide. Aussi entre eux, franche
et intime cordialité ; avec les autres, toujours bienveillance et po-
litesse; mais entre eux une sorte de fraternité toute spéciale.
Nous sommes surtout une dixaine plus étroitement unis encore
par les liens de l'esprit et du cœur, espèce de chevalerie littéraire,
amis dévoués qui n'ont rien de secret, qui s'ouvrent leur âme
pour se dire tour à tour leurs joies, leurs espérances, et leurs
tristesses.
    Quelquefois, lorsque l'air était plus pur et la brise plus douce,
aux rayons de la lune qui glissaient sur le dôme majestueux du
Panthéon, en présence de cet édifice qui semble s'élancer du ciel
 et auquel on a ôté sa croix comme pour briser son élan , le ser-
 gent de ville, à l'œil inquiet, a pu voir six ou huit jeunes hommes,
 les bras entrelacés, se promener de longues heures sur la place
 solitaire ; leur front était serein, leur démarche paisible, leurs
 paroles pleines d'enthousiasme, de sensibilité, de consolation;
 ils se disaient bien des choses de la terre et du ciel, ils se ra-
contaient bien des pensées généreuses, bien des souvenirs
 pieux ; ils parlaient de Dieu, puis de leurs pères, puis aussi de-
 leurs amis restés au foyer domestique, puis de leur patrie, puis
 de l'humanité. Le Parisien stupide qui les coudoyait en courant
 à ses plaisirs ne comprenait point leur langage ; c'était une
 langue morte que peu de gens connaissent ici. Moi je les Com-
 prenais, car j'étais avec eux, et en les entendant je pensais et
 je parlais comme eux, et je sentais se développer mon cœur ; il
 me semblait que je devenais homme et j'y puisais, moi si faible
 et si pusillanime, quelques instants d'énergie pour les travaux
  du lendemain.
   Une autre source de vie et de vertu, ce sont les assemblées du
jeune et excellent M. de Montalenibert. Là, les plus illustres
                                                      C