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195 le rideau, vous, Messieurs, membres d'une corporation char-? gée de maintenir la dignité des lettres et celle du savoir, vous devez hautement blâmer de semblables expédients, et je me flatte de n'avoir été ici que votre organe dans les réflexions que m'a inspirées un premier regard sur les feuilles qui nous occupent. D'après ce que je viens d'avoir l'honneur de vous dire, vous comprenez, Messieurs, que, bien loin d'avoir été alléché par le titre à lire les pages qu'il recouvre, je n'ai au con- traire tourné le feuillet qu'avec une extrême défiance ; mais, contre ce qui arrive trop souvent, c'est le titre qui est ré- préhensible, et l'œuvre n'est autre chose que l'exposition d'un emblème connu dont les premiers chrétiens, obligés de cacher l'objet de leur culte, se servaient pour le dé- signer. II ne s'agit donc point d'un prétendu Dieu-poisson adoré par nos pères, mais d'un poisson figuré sur les mo- numents, ou du mot grec t/Out (poisson) employé dans une inscription comme symbole d'une croyance, à la place d'un nom que l'on ne croyait pas prudent de faire connaître plus clairement. Cet usage de cacher la vérité sous des em- blèmes n'a point été particulier aux premiers chrétiens, puis- que saint Clément d'Alexandrie dont les œuvres, ainsi que vous le savez, contiennent de précieux documents sur les eoutumes anciennes, nous dit que: « Tous ceux qui ont traité des choses divines, les Barbares comme les Grecs, l'ont couverte du voiledes énigmes, des signes et des symboles. » (1) Un savant modeste, que cite l'auteur dans le premier des opuscules dont j'ai à vous entretenir, s'est ainsi exprimé sur l'emblème auquel les premiers chrétiens jugeaient quel- quefois convenable d'avoir recours pour dérober à la con- (1) « Omnes ergo, ut seinel dicam, qui de rébus divinis Iractarunt, tara Barbari quam Grœci, .... veritatem iEnigmalibus, signisque ac syrabolis ti-adiderunt. » (S. Clem. Alex, Strom. lib. V.)