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48 la joie de l'homme et non l'enivrer (1). L'auteur sacré par- court tous les ravages causés par l'ivrognerie, il la voit en- gendrer dans l'être humain un état de folie passagère que les médecins légistes modernes ont désignée sous le nom de dipsomanie, et porter aux plus grands excès. « Le vin bu en abondance produit la colère et l'empor- tement, et attire de grandes ruines. L'ivrognerie inspire l'audace, elle fait tomber l'insensé, et elle cause la blessure de plusieurs (2). » Voici la peinture la plus saisissante de l'état de stupeur organique et morale où sont plongés les vieux buveurs : « Pour qui la rougeur et l'obscurcissement des yeux, si non pour ceux qui passent le temps à boire du vin et qui mettent leur plaisir à vider des coupes?... Le vin entre agréa- blement, mais il mord à la fin comme un serpent, et il répand son venin comme un basilic ; vos yeux regarderont les étran- gers, et votre cœur dira des paroles déréglées. Et vous serez comme un homme endormi au milieu de la mer, comme un pilote assoupi qui a perdu le gouvernail (3J. » Cette dernière image, incomparable pour la sublimité, dépeint à merveille la somnolence habituelle des ivrognes, leur indifférence pour les actes journaliers de la vie pratique. La nature est encore prise sur le fait. L'influence des mouvements passionnels sur l'économie animale est également fort bien saisie. On trouve dans Sa- lomon la division pratique des passions, en excitantes et dé- pressives. « L'envie et la colère abrègent les jours et font venir la vieillesse avant le temps (4). » « La tristesse conduit (1) Ecclés. 31-35. (2) Chap. 31. v. 39-40. (3) Prov. chap. 23. v. 29-34. (4) Ecclés. chap. 8. v. 22.